Jeune & jolie, c’est le portrait croqué d’une lycéenne d’Henri IV, au fil des saisons. Un instantané pour effeuiller l’adolescence, saisir ce temps de la bascule entre deux âges, deux vies. Ce temps des expériences où l’on teste ses limites.
En choisissant de suivre le parcours d’une jeune fille gâtée du 5e arrondissement et donc un cadre très bourgeois pour son intrigue, Ozon évite l’écueil de personnages labellisés « en galère » dont l’état de misère expliquerait les actes. La prostitution, donc. Cette dernière est ici volontaire, sans causes réelles ni sérieuses. Mystérieuse. Jamais l’héroïne ne s’explique. Jamais elle ne s’excuse.
En choisissant un tel sujet et en faisant des amours tarifées le ressort dramatique de son film, Ozon accumule les clichés, les fautes de goût à l’image de cette réplique éculée : « Pute d’un jour, pute toujours. » Et cette distanciation par rapport aux scènes de sexe d’être finalement plus racoleuse que s’il avait attaqué son sujet de front.
Pourquoi Isabelle décide-t-elle au retour de ses vacances de se prostituer alors qu’elle ne manque de rien ? Pour vivre une expérience extrême ? Parce que son père est absent ? Parce que sa mère a une liaison ? Oui, pourquoi ? Pour dire que la beauté est éphémère, que l’amour n’est pas exclusif, que les hommes courent après leur jeunesse…
Certes, François Ozon sait louvoyer entre les genres et les registres, jouer avec les attentes du spectateur et maîtriser son cadre. Il offre de jolies déambulations qui suivent les courbes de la jeune femme dont le corps semble en perpétuel mouvement comme pour signifier la période qu’elle traverse. Rivé sur son regard, il saisit sa mélancolie, son ennui, ses doutes. De même qu’il capte, à la dérobée, dans l’encadrement d’une porte, le regard indiscret d’un petit frère à l’esprit vif qui a tout compris sans qu’on ne lui dise quoi que ce soit.
Mais c’est dans le propos que le bas blesse. Alors que le cinéaste affirme vouloir laisser au spectateur la possibilité de répondre par lui-même à ses interrogations, le voilà qui souligne et surligne ce qui était pourtant déjà si limpide à la minute précédente. La jeune fille en fleur ferme sa valise tandis que l’été s’achève. Virginité perdue et bagage clos, elle reprend le chemin de l’école pour venir déclamer des vers de Rimbaud : « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans… » C’est vrai, nous n’avions pas compris. Et une chanson de Françoise Hardy qui raconte la même chose… parce que nous n’avions pas compris. Ainsi s’enchaînent avec lourdeur les images…
Les plus jolis moments du film sont certainement ceux qui s’attachent à saisir les rapports mère-fille et la circulation des flux dans la sphère familiale. Ceux qui s’attachent à montrer de façon cruelle ce moment où les enfants échappent à leurs parents et deviennent des étrangers. Hors d’elle, désespérée ou tentant de garder le contrôle, Géraldine Pailhas illumine le film, tandis que Frédéric Pierrot, beau-père compréhensif, s’impose comme la seule figure masculine crédible du film. Avec la prostitution comme prétexte, les scènes de nu distanciées et inutiles sont finalement très racoleuses.
Jeune & jolie de François Ozon, avec Marine Vacth, Frédéric Pierrot, Géraldine Pailhas, Charlotte Rampling…
Bonjour,
petite coquille je crois: “c’est dans le propos que le bas blesse” ce serait plutôt “bât” comme un âne bâté…
Je n’ai pas encore vu le film et n’ai donc pas de critique (constructive) à formuler.
Bonne continuation,
Marie.
Je crois que le “bas” était un jeu de mots… sur les collants !