Présenté à la 53e Semaine de la critique – Séance spéciale
Qui ?
Il est de bon ton de railler Mélanie Laurent, enfant gâtée du cinéma français qui tourne avec Tarantino ou Ewan McGregor aussi facilement qu’on prend le train. Pourtant, son premier film de réalisatrice, Les Adoptés, avait fait mouche. Malgré quelques petites manies dont elle semble avoir du mal à se défaire (le portrait de la fille sensible, créative, ouverte, cool et sympa, même devant les plus grandes épreuves de la vie, réfugiée dans son immense appartement sans qu’on comprenne comment elle le paye), elle avait eu la bonne idée de dévoiler une nouvelle facette de Denis Ménochet (un gars sensible, en fait. Parce que Mélanie Laurent est sensible, ok ?) et l’art de montrer une réelle complicité communicative entre ses personnages / acteurs. On attend donc de voir si l’essai est transformé.
Quoi ?
Le premier talent de Mélanie Laurent serait peut-être celui de s’entourer de gens discrets sur lesquels elle pourrait donner un peu de sa lumière. Ainsi, pour coscénariste, elle s’est adjoint les services de Julien Lambroschini, un nom qui ne dit sûrement pas grand-chose à la plupart d’entre vous, mais qui révèle en fait le Bruno du Péril jeune. L’acteur joue peu. L’auteur écrit des courts-métrages, des sketches, des pubs et participe à des séries. On a donc hâte de retrouver sa voix, ici dans un portrait de l’adolescence et des premiers émois. La chronique de la rencontre entre deux jeunes filles, forcément sensible.
Résultat des courses ?
Du film “sensible”, Mélanie Laurent a décidé de passer au “film choc”. Bon, elle est toujours un être chamboulé, pour preuve ses larmes en présentant son film en présence de la totalité de son équipe technique (la moitié de la salle étant remplie par des invités, l’ovation finale avait un goût d’autocongratulation). Au départ, Mélanie Laurent, qui adapte le roman d’Anne-Sophie Brasme, signe un film classique sur l’adolescence et ses amitiés fluctuantes, exclusives, fusionnelles, avec les passages obligés : la manière qu’a Sarah de séduire tout le monde avec facilité par son parcours exotique et son franc-parler, les vacances qui mettent à jour les jalousies et ambiguïtés. Puis vient la brouille, en forme de harcèlement scolaire, menant vers une fin inéluctable, fléchée avec des gros panneaux lumineux, tant le personnage de Sarah est grossièrement dessiné, manipulant sa comparse avec des gros sabots. Le regard caméra de Joséphine Japy-Charlie qui clôt le film finit de convaincre du manque total de finesse de cette deuxième réalisation.
Respire, de Mélanie Laurent, avec Lou de Lâage, Joséphine Japy, Isabelle Carré, Roxane Duran… France, 2014. Sortie le 12 novembre 2014.