La semaine des César et des Oscars, on aurait pu espérer un sursaut du cinéma à la télévision, histoire de nous mettre dans l’ambiance. Eh bien non. L’offre est pauvre. D’abord, il faut prévenir les instances télévisuelles que la Saint-Valentin, c’est fini. Ensuite, sur 25 chaînes gratuites, certains soirs, on n’a le choix qu’entre trois ou quatre films, le tout en VF… Comme signe de résistance, nous ne parlerons pas de Terminator (2 et 3, enfin 3 et 2, puisqu’on ne peut même pas les voir dans l’ordre), de In the Air ou de Syriana, et lançons un appel solennel à la diversité des programmes et des offres ciné à la télé gratuite. Banzaï !
Dimanche 17 février
L’Arnacœur, de Pascal Chaumeil – 20h45 – France 2
Gandhi, de Richard Attenborough – 20h45 – Arte
France 2 joue la contre-programmation avec un film de Saint-Valentin en retard, tandis que TF1, en face, estime que ça va bien maintenant les bluettes, avec L’Agence tous risques. Choisissez votre camp. Nous c’est fait, avec pour une fois une vraie comédie romantique, L’Arnacœur. C’est-à-dire une comédie drôle, notamment grâce à l’imbécilité bienveillante de François Damiens et à l’inventivité de Julie Ferrier, et du romantisme soulignant l’importance de Dirty Dancing.
François Hollande rentre d’Inde. Forcément, on a eu des envies de Bollywood et de sagesse. Arte a, elle aussi, choisi son camp avec le biopic Gandhi, également prélude aux Oscars, puisque le film de Richard Attenborough est reparti avec non moins de huit statuettes. “Œil pour œil est une loi qui rendra le monde aveugle”, répète-t-il sans cesse. De votre côté, ouvrez-le, l’œil.
Lundi 18 février
Pretty Woman, de Garry Marshall – 20h50 – W9
Cherry Blossoms, un rêve japonais, de Doris Dörrie – 22h25 – Arte
Comédie romantique toujours avec le classique Pretty Woman, même si côté comédie, ce n’est pas la franche rigolade. Une histoire de Pygmalion moderne qu’on pourra découvrir, pour la première fois depuis nos 14 ans, en VO. Ce qui donnera un peu de fraîcheur à Richard Gere.
Romantisme encore, mais dans un tout autre registre. Cherry Blossoms est un film allemand, qui lorgne vers les contes traditionnels japonais, avec en vedette, un couple plus proche de celui d’Amour que de celui de Twilight. Passé le cap, et prêt à affronter quelques séquences parfois incongrues, on peut se laisser aller vers la beauté des cerisiers en fleur.
Mardi 19 février
Ce soir je dors chez toi, d’Olivier Baroux – 20h45 – 6ter
L’Attaque du métro 123, de Tony Scott – M6
Les trentenaires, leur peur de l’engagement, tout ça… Ce n’est pas révolutionnaire, mais pas désagréable non plus. Jean-Paul Rouve est à la fois drôle, touchant et séduisant. Kad Merad étonnamment sobre, et pourtant, il a des cheveux. En plus, M6 nous donne une seconde raison de regarder Ce soir je dors chez toi : ne regardez sous aucun prétexte L’Attaque du métro 123, l’un des pires films de l’histoire du cinéma. Et un cas d’école : on y trouve deux très bons acteurs (Denzel Washington et John Travolta), du suspense, une course contre la montre, l’un des meilleurs scénaristes hollywoodiens (Brian Helgeland) et un metteur en scène spécialiste du genre (Tony Scott) aux commandes, mais le mélange de tout cela est un ratage monumental. On préférera se rappeler de monsieur Scott comme du réalisateur de Man on Fire, des Prédateurs ou de Spy Game…
Mercredi 20 février
Cleveland contre Wall Street, de Jean-Stéphane Bron – 22h20 – Arte
Ah, enfin, nous voilà revenus à la dure réalité (et à François Hollande). Notre adversaire, c’est le monde de la finance. Sauf qu’ici, il a un visage, et on lui colle même un procès, celui de la crise des subprimes. Cleveland contre Wall Street est ce vrai-faux procès. Avec tout le décorum, les témoins, les accusés, les avocats. Mais dont l’issue ne sera enregistrée nulle part, si ce n’est par nous, spectateurs excédés par la défense des puissants, effarés par ces images de Cleveland devenue ville fantôme.
Jeudi 21 février
Incognito, d’Eric Lavaine – 20h45 – 6ter
Nos enfants chéris, de Benoît Cohen – 22h15 – 6ter
Un film avec Franck Dubosc dans le plateau télé, on ne s’y attendait pas, hein ? Eh bien tout arrive. Même que Franck Dubosc soit drôle. Il suffisait de lui écrire un texte, de le diriger et de ne pas le laisser seul à bord. Comme un acteur, quoi. Le trio qu’il forme avec Bénabar et Jocelyn Quivrin dans Incognito fonctionne, même si tout ça est un peu formaté : l’outrancier, l’angoissé et l’observateur, embarqués dans la folle aventure de la célébrité. Les alertes au cliché fourmillent, mais c’est ça ou Le Raid.
Les maris, les ex, les enfants… La troupe de Nos enfants chéris, on l’a découverte d’abord dans une série sur Canal+ avant d’être transposée en film. C’est donc la même chose en moins long, mais toujours réjouissant. Tout y passe : le mari idéal qui cuisine, le beauf qui n’en fout pas une en lisant L’Equipe, le dragueur invétéré, l’éternelle adolescente et la dépressive. Mais dans une ambiance de joyeux bordel ensoleillé, avec des acteurs trop rares. La naïveté de Martin-Matthieu Demy vaut tous les clichés, et la mise à mal du bonheur absolu de l’arrivée de l’enfant redresse l’équilibre, après une semaine de comédies romantiques.
Suite aux nombreuses plaintes de lecteurs désireux d’avoir quelques conseils télé du week-end, on vous conseille à l’aveugle, puisqu’on ne l’a pas vu, le téléfilm Punk sur Arte avec la rare Béatrice Dalle (vendredi à 22h25). Et sinon, on vous conseille de lire notre visite de l’Atelier 69 pour voir le cinéma autrement…