En piochant dans les écrits d’un certain Georges Devereux, anthropologue et psychanalyste qui détailla dans un ouvrage publié en 1951, l’analyse menée auprès d’un Indien Blackfoot, Arnaud Desplechin trouve matière et prétexte à son premier film américain.
Soit Jimmy Picard, un ancien soldat blessé à la tête (France, 1944) victime de maux de tête et de troubles de la vision. Admis à l’hôpital militaire de Topeka, l’équipe médicale pense à des troubles schizophréniques, avant que Georges Devereux ne contredise le diagnostic et ne se lance dans une série d’entretiens avec ce dernier.
Exit donc les réunions de famille qui tournent au vinaigre (Conte de Noël et Rois et Reine). Desplechin déplace ses questionnements outre-Atlantique et livre un face-à-face très réussi entre Amalric et Del Toro, deux hommes en marge, deux survivants de génocides incarnant la grandeur et les gouffres de l’Amérique.
Jimmy P. convoque toute les obsessions du cinéaste : la complexité des liens affectifs et familiaux, la domination féminine, le rapport aux autres et à soi, la maladie, la peur de devenir fou et les faux-semblants… Un film tragique et drôle. Léché et bavard. Un film qui piétine aussi et tourne en rond. C’est là tout son charme. Celui de coller à son sujet, celui d’une psychanalyse tâtonnante.
Jimmy P. (Psychothérapie d’un Indien des Plaines) de Arnaud Desplechin, avec Benicio Del Toro, Mathieu Amalric, Gina McKee… France, Etats-Unis, 2013. Présenté en compétition officielle au 66e Festival de Cannes. Sortie le 11 septembre 2013.
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