Salvo est un homme de main de la mafia sicilienne, solitaire, froid, impitoyable. Alors qu’il s’introduit dans une maison pour éliminer un homme d’une bande rivale, il découvre Rita. La jeune fille est aveugle et assiste impuissante à l’assassinat de son frère. Quelque chose d’extraordinaire se produit lorsque Salvo décide de laisser la vie sauve à ce témoin. Désormais, hantés l’un et l’autre par le monde auquel ils appartiennent, ils sont liés à jamais.
2013. Salvo emballe le jury de la Semaine de la critique par sa radicalité. Ce thriller ne rappelle en rien Léon, le tueur autiste made in Besson qui, s’embarrassant d’une adolescente rebelle, découvre les joies du romantisme à deux balles. Salvo, tueur sans pitié, incarne ce que l’humanité produit de pire. Sa rencontre fortuite avec Rita ne l’humanise pas, un salaud reste un salaud, mais pour la première fois il décide sans le consentement de son patron d’épargner une vie humaine. Le spectateur n’est pas pris en otage par ce maudit « glamour » qui rendent les tueurs (et le système mafieux qui les emploient) si attirants.
Les séquences silencieuses et brutales se succèdent. Le soleil sicilien nous éblouit. Ses rayons et ses ombres nous aveuglent.
Salek Bakri s’offre corps et âme à la caméra. Nous pouvons flairer son odeur méphitique.
Voilà du cinoche qui dépote, qui sait prendre son temps, que le silence n’effraie pas.
Salvo de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, avec Saleh Bakri, Sara Serraiocco, Mario Pupella… Italie, France, 2013. Sortie le 16 octobre 2013. Sortie DVD le 1er juillet 2014.