© Sébastien Dolidon
J’aime Woody Allen depuis que j’ai 14 ans. Quand les copines avaient des photos de John Travolta dans leur chambre, c’était lui qui ornait les murs de la mienne. Quand j’ai fini par le rencontrer des années plus tard, j’étais beaucoup trop vieille pour lui ! J’ai revu Woody à Cannes cette année. Il a pris de l’âge et moi aussi, mais, en lui parlant, j’ai retrouvé un peu de mon émoi d’adolescente. Woody est resté drôle, brillant, fragile… Tout ce que j’aimais chez lui à 14 ans. Il m’a fait aussi deux beaux dessins pour ma fille : une toute petite tête puis un oiseau qui manque un ver de terre. Il a vraiment réfléchi avant de dessiner pour ma gamine de 4 ans. Il est gentil Woody et puis, il fait des bons films… J’aimerais penser que malgré ses 75 printemps, nous connaîtrons ensemble d’autres souvenirs cannois ! Je ne suis pas inquiète : il m’a confié être prêt à revenir l’an prochain avec son nouveau cru en tournage à Rome cet été.
Voilà qui me rend bien jalouse.
Moi on m’a fait espérer une rencontre avec Woody Allen. En partance pour une projection, j’ai dû stopper net mon scooter pour changer de direction et me préparer à poser une question à Woody. Je suis restée prostrée sur l’engin garé devant le Martinez, me demandant ce que pouvait bien être cette seule et unique question. Vertigineux.
Tout ça pour qu’une fois sur place, l’attaché de presse me ferme la porte au nez, lançant laconiquement au journaliste que j’accompagnais “c’est la vidéo pour le site ou la photo pour le papier. Et franchement, internet…”.
J’avais à la main une caméra, dans la tête beaucoup plus de questions que nécessaire, et dans les yeux, de la haine pour cet énergumène.