The Autopsy of Jane Doe, d’André Øvredal

 

The Autopsy of Jane Doe, d'André OvredalEn 2011, Troll Hunter s’était taillé une jolie réputation en festivals (notamment à Gérardmer) grâce à sa fraîcheur et son originalité, malgré une forme – le found footage – usée jusqu’à la moelle. En 2017, le Norvégien André Øvredal revient sur le devant de la scène au Festival du film fantastique de Gérardmer avec bruit et fureur : The Autopsy of Jane Doe est la première grosse frayeur du Festival 2017. Pourtant pas de monstres terrifiants, une dose homéopathique de jump scares et pas d’effets spectaculaires. The Autopsy of Jane Doe est un film intime à la fois par son sujet – une autopsie : quoi de plus personnel que ses entrailles ? –, que par son traitement. A l’exact opposé de Troll Hunter, qui offrait un point de vue tremblotant ouvert sur des grands espaces, une autodérision louable et une caméra-vérité fallacieuse, le nouveau métrage d’André Øvredal promet quelque chose de plus élémentaire à travers la nuit d’un médecin-légiste (Brian Cox) et de son assistant de fils (Emile Hirsch), obligés d’opérer pour le compte du shérif une autopsie sur une inconnue morte étrangement. Le réalisateur norvégien ne succombe pas aux sirènes du cahier des charges horrifiques et favorise le suspense à l’effet de surprise, offrant un huis clos étouffant à la tension croissante jusqu’au paroxysme de l’intrigue, qui tient sur une mise en scène d’une précision parfaite et trois personnages épatants… dont une morte, immobile à l’écran et pourtant éclatante, (dés)incarnée par l’actrice et mannequin Olwen Kelly. Finalement peu original (quand il approche de la résolution de l’intrigue, le cinéaste évoque les sorcières de Salem et la vengeance éternelle : rien de bien nouveau sous le soleil de Satan), The Autopsy of Jane Doe vaut surtout son pesant d’or pour les trouvailles esthétiques et la photographie léchée qui installent durablement la peur et le malaise dans cette morgue de campagne, ainsi que pour le parti pris unique de filmer une autopsie durant une heure trente. Les Experts n’ont qu’à bien se tenir.

 
The Autopsy of Jane Doe d’André Øvredal, avec Brian Cox, Emile Hirsch, Olwen Kelly… Angleterre, Etats-Unis, 2016.