Il y a quelques jours, Pierre Siankowski justifiait un jour de retard sur son blog ainsi : Vous n’êtes pas sans ignorer ce qu’avait dit un jour Serge Toubiana à Serge Daney en plein mars 1976, en plein bouclage du numéro 378 des Cahiers du cinéma ? Eh bien il lui avait dit texto : « Serge, si t’es trop à la bourre, fais-moi deux papiers en un, ça ira très bien. » Eh ben pour nous, c’est pareil. Alors on va vite passer sur les frasques de Lars von Trier, rejoignant ainsi Libération notant qu’il est dommage qu’on ne parle plus que de ça alors qu’il signe son film le plus abouti. Les femmes qu’ils met en scène sont encore hystériques. Mais il le fait enfin avec finesse, compréhension et délicatesse. Délicatesse dont n’ont pas fait preuve les organisateurs, toujours selon Libération, en faisant se chevaucher les projections de Pater et Hanezu no Tsuki. Le film de Naomi Kawase a donc été montré devant des fauteuils vides. Si vides qu’il n’y avait même plus un seul guignolo pour hurler « Raoul !» C’est dire. Ceux qui ont vu le film ont vite entamé le refrain « arrête de faire ta Malick », relève le quotidien, ce qui était vrai, mais çà et là un peu injuste. Quant à Pater, c’est tout le contraire de l’imitation naturaliste de La Conquête – présenté en montée des marches prestigieuses le soir –, et tellement plus fort, notent Les Inrocks. Non pas un choc, mais une claque toute en douceur. Un raccourci saisissant entre la vie et l’écran, l’impression que la fiction tombe pile dans la réalité, avec une prescience ahurissante, pour Télérama.
A chaque jour sa sensation en compétition, et hier c’était donc au tour du Almodovar. Grand film SM bourré de menottes et de verrous, plein de secrets derrière les portes, pour Télérama, La Piel que habito zigzague entre flash-back et flash-forward, avant de retomber sur ses pieds dans un salto arrière plein de grâce. Ce qui, avouons-le, n’a pas l’air évident. Le Monde évoque un récit brusque, aux répliques désarçonnantes. Un objet étrange et magnifique. On ne sait pas encore si le maudit de la Palme sera cette année récompensé, mais en attendant, alors que l’ambiance de fin de Festival gagne la Croisette, les pronostics sont de sortie. Pour Télérama, cela se joue entre quatre films : deux coups de coeur (le Dardenne et le Kaurismaki) et deux ovnis (le Cavalier et le Hazanavicius). Libération rapporte que dans le palmarès du magazine professionnel international Screen, c’est Le Havre qui remporte les plus gros suffrages. L’Apollonide de Bonello tient la lanterne rouge. Qui se trouve justement être la Palme des Inrocks, sans hésitation, assorti d’un prix collectif pour les filles. Tiens, comme le casting féminin de Pedro Almodovar à l’époque de Volver. Coïncidence ?
Sources : Libération, Télérama.fr, Le Monde.fr, Les Inrocks.com, 19/05/2011, 20/05/2011