Film d’ouverture du 69e Festival de Cannes
Quand Bobby débarque à Hollywood, il a des rêves pleins la tête et l’espoir que son oncle Phil le fasse travailler dans son agence de comédiens. Mais le rythme et l’esprit de la Cité des Rêves lui apprennent surtout qu’il est un New-Yorkais invétéré… Pourtant, une rencontre va tout changer et modifier sa vie à jamais.
Il y a quelque chose de délicieusement ironique au fait que pour son passage au numérique, Woody Allen choisisse non seulement le chef-opérateur Vittorio Storaro (3 oscars, Apocalypse Now, Reds, Le Dernier Empereur, 1900…) mais aussi un sujet d’époque, situé dans les années 1930-1940 entre Hollywood et New York. Et de fait, la lumière joue un rôle important dans ce conte doux-amer sur la portée de nos choix et la direction de nos vies une fois que l’on assume (ou pas) lesdits choix.
Connu pour sa maîtrise de la lumière et ses compositions éblouissantes, Vittorio Storaro crée une image spécifique pour chaque univers du film. Hollywood où les personnages sont éblouis par la lumière, New York où domine la lumière artificielle. Lumière naturelle pour la ville des artifices, et lumière artificielle pour la ville plus « vraie », l’ironie est définitivement inscrite dans les gènes de ce beau film classique.
Porté par un casting parfait, Café Society est une réussite. Ce n’est pas le film le plus renversant de son auteur, mais c’est une œuvre captivante qui bénéficie d’une écriture ciselée, exacte, millimétrée. Le directeur d’acteurs fait une fois encore des merveilles, surtout avec son couple star, Jesse Eisenberg et Kristen Stewart (plus belle et féminine que jamais), dont la complicité évidente (c’est leur troisième film ensemble) nourrit leurs personnages de manière organique.
Woody Allen fournit la voix off du film ; il est un narrateur bienveillant, tel un romancier écrivant un récit d’éducation sentimentale. La douloureuse école de la vie, des sentiments, l’ironie du sort, la cruauté des êtres entre eux sont autant de thèmes classiques mais éternels que le maître américain met en forme avec une élégance absolument renversante.
C’est un très beau film pour ouvrir ce 69e Festival de Cannes. Une œuvre techniquement contemporaine dont la vision du passé est sans nostalgie mais nourrie par la désillusion du temps qui passe. C’est un film qui se clôt sur deux regards forts, deux regards dirigés vers un avenir qui semble plus que jamais incertain.
Café Society de Woody Allen, avec Jesse Eisenberg, Kristen Stewart, Steve Carell, Blake Lively… Etats-Unis, 2016. Sortie le 11 mai 2016.