Après les vacances de Noël, le principal souci de votre rentrée 2013 n’est-il pas de bien dépenser vos bons d’achat et de placer intelligemment vos étrennes ? Pas de panique, Tonton Cédric vous apporte la solution sur un plateau. Vous êtes allergiques au foie gras chinois, vous souffrez de varices envahissantes, vous ne croyez plus en Céline Dion, vos enfants vous débectent, c’est le moment de commander la dernière salve gothique disponible chez Artus Films.
Le Cimetière des morts-vivants réalisé par Massimo Pupillo avec Barbara Steele, Walter Brandi, Mirella Maravidi…
Devant régler une affaire de succession, le clerc de notaire Albert Kovac (Walter Brandi) se rend dans un petit village d’Europe de l’Est. Sur place, il apprend que son client, Jeronimus Hauff, est en fait décédé depuis près d’un an. Attiré par la veuve, Cléo (Barbara Steele), Albert accepte son hospitalité pour quelque temps. Il va alors découvrir que Mr Hauff était passionné par l’occulte et par la grande épidémie de peste noire, jusqu’à conserver et exposer des membres de pestiférés. Et que Hauff n’est peut-être pas mort par accident.
Le Cimetière des morts-vivants ne dégage pas encore le doux parfum des Vierges pour le bourreau. Si Massimo Pupillo se fait les crocs (il tournera Vierges pour le bourreau l’année suivante), il se fait surtout bouffer par des producteurs américains qui lui réclament toujours plus de sang quand lui désire explorer une veine plus cérébrale de l’horreur. Résultat des courses, Pupillo perd la paternité du film et gagne au montage un charcutage en règle. Toutefois, Le Cimetière des morts-vivants ne manque pas de charme et Barbara Steele non plus. Même si elle ne tient qu’un rôle secondaire, Alain Petit raconte dans les bonus qu’au moment du tournage, Barbara Steele ne supporte plus son statut d’icône de l’horreur à tel point que Pupillo pense lui offrir un aller simple pour la Mordavie. Pour mieux nous expliquer tout ce bordel, Artus propose le prologue de la version américaine accompagné d’une scène supplémentaire aussi commandée par les producteurs US.
Le mystère réside autour du château planté sur un lazaret, d’un défunt châtelain féru d’occultisme et de villageois revanchards. Vous l’avez compris, les pestiférés ne dorment que d’un œil. Malédiction.
La Crypte du vampire réalisé par Camillo Mastrocinque avec Christopher Lee, Adriana Ambesi, Ursula Davis…
Laura, fille du comte Ludwig von Karnstein (Christopher Lee), est en proie à de terribles cauchemars chaque nuit. Elle imagine qu’elle est la réincarnation de son ancêtre, Sheena la sorcière, condamnée au bûcher. Dans ce vieux château sinistre, Rowena, la gouvernante, utilise les pouvoirs de médium de Laura, lors de ses crises, pour tenter de faire revenir Sheena.
La Crypte du vampire, production italo-hispanique, s’inspire (mais pas trop fort) du roman souffreteux Carmilla de Sheridan Le Fanu. On ne peut pas dire que Mastrocinque signe une œuvre dérangeante, c’est même tout le contraire. Les signes équivoques du flirt entre filles se limitent aux douces caresses tolérées par les censeurs de l’époque. N’y cherchez pas des pratiques explicites, des rêves érotiques, des suçons appuyés, la sorcière vampirise avec pudeur l’esprit de la demoiselle de bonne famille.
Le regard d’acier de Christopher Lee, son port altier, ses gestes amples et gracieux nous invitent à hanter la demeure familiale en sa compagnie. Au cœur des clairs-obscurs, Lee symbolise le gothique à lui tout seul. Le film ne casse pas des briques mais semble indispensable pour les fans du genre, et j’en suis.
Le Château des messes noires réalisé par Joseph W. Sarno avec Nadia Henkowa, Anke Syring, Ulrike Butz, Flavia Keyt…
A la suite d’un accident lors d’une nuit d’orage, un groupe de jeunes gens vient se réfugier dans un château lugubre. Il abrite toute une communauté de jeunes filles effectuant d’étranges rites mêlant le sexe et l’occultisme. La maîtresse des lieux est en fait la descendante d’une baronne vampire, mise à mort il y a plusieurs siècles par les villageois pour vampirisme. Elle cherche à venger son ancêtre en éliminant les familles des tortionnaires.
Encore une histoire d’héritage et de mauvaise filiation. Encore une histoire de château maudit et de villageois superstitieux. Encore une histoire de candides jeunes gens et de goules vengeresses. Mais, il y a un mais, Le Château des messes noires détonne des productions habituelles par son habilité à tenir à l’équilibre le fantastique et l’érotisme. Ce savant dosage s’apprécie lors des cérémonies où la théâtralité usée à bon escient ne dessert pas les rituels. On évite la grandiloquence des sectes scabreuses. Le démoniaque reste démoniaque même sous une pluie de tétons.
Quand ce foutu manège vampirique se met en branle, les répliques bien senties fusent et c’est ça qui est bon. Je vous conseille chaudement cet épisode de transe et châtiment.