Sweet seventeen
C’est quand il laisse son héros se faire casser la gueule qu’on comprend le projet de Magnus von Horn. De blondinet distant, le jeune John devient une créature ouverte, écarlate et tuméfiée : le vrai visage du monstre que son entourage voit en lui depuis sa sortie de prison. Il a purgé sa peine pour homicide, mais personne ne le laisse oublier. Lui-même peine à identifier son acte et se cherche dans le miroir entre plaies et boursouflures. Quel chemin peut-on prendre après un tel passé ?
Dans un décor épuré de champs infinis et de départementales vides, sous une lumière pâle toute scandinave, le réalisateur suédois Magnus von Horn trace une carte de la colère. Au lycée, on pétitionne pour le renvoi de John. Chez son père, on le surveille de loin en craignant une récidive. Chez sa victime, la famille porte toujours le deuil. Les portes claquent une par une sur son visage poupin, sans qu’il cille, le grondement de sa moto résonnant dans le silence.
Si l’atmosphère du film prend du temps à s’installer, quelques scènes maîtrisées convoquent une tension qui se tient jusqu’au bout, jouant sur le vague malaise distillé par Ulrik Munther. Selon Magnus von Horn, le film est « l’histoire d’un garçon émotionnellement déconnecté qui a trouvé dans le meurtre une façon de s’exprimer. Il n’est pas responsable de ce détachement, c’est une maladie qui court dans la société et dans sa famille. Mais personne n’est prêt à accepter sa propre responsabilité dans l’acte du jeune homme. » Un sujet intéressant, mis en images avec élégance et clarté, nourri de choix narratifs intelligents. Le film fait son chemin et laisse des souvenirs.
Le lendemain (Efterskalv) de Magnus von Horn, avec Ulrik Munther, Mats Blomgren, Loa Ek… Pologne, Suède, 2015. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs 2015.