Quand le nucléaire rencontre l’opposition populaire, attention à l’explosion !
Loin de la catastrophe de Fukushima, dans le temps comme dans l’espace, Plogoff est un village situé à proximité de la Pointe du Raz. Au bord d’une falaise sauvage, l’Etat français décide en 1978 de construire une centrale nucléaire au bout du monde, au plus près de l’océan. 31 janvier 1980, l’enquête publique doit commencer et durer six semaines. Six semaines de consultation pour un projet catégoriquement refusé par une population soudée depuis déjà deux ans. La mairie de Plogoff refusant de mettre ses locaux à la disposition de l’Etat, ce simulacre de consultation démocratique se tient dans deux camions. Les Bretons ont dit non à la centrale, les élus aussi.
Cernés par les CRS, mobilisés en force, les deux camions restent vides mais face à eux des femmes et des hommes venus discuter pour inlassablement répéter leur refus d’une centrale. La force publique rétorque par la violence : arrestations arbitraires, coups et charges guerrières… La mobilisation ne faiblit pas et bientôt, les habitants de cette commune reçoivent un soutien croissant qui s’étend à toute la région.
L’histoire de ce combat est alors filmée par Félix et Nicole Le Garrec et restituée dans ce documentaire qui retrace avec densité cette lutte collective et populaire. Adopté par la population, le couple suit ce conflit au plus près des hommes, qu’ils soient manifestants ou gardes mobiles. Cette proximité physique avec les différents belligérants donne toute sa force à ce témoignage et révèle, avec acuité, les tensions vécues par chacune des forces en présence.
A l’heure où le nucléaire démontre sa dangerosité, cette épopée d’une lutte populaire, écologique et victorieuse est exemplaire, salutaire et malheureusement d’une actualité brûlante. A voir sans modération.
Plogoff, des pierres contre des fusils de Nicole Le Garrec. France, 1980.