De quoi s’agit-il ?
40 ans que le Festival du cinéma américain de Deauville propose le meilleur du cinéma outre-Atlantique. Cette année et pour l’occasion, l’événement va honorer James Cameron, qui se verra décerner le justement nommé Prix du Quarantième Anniversaire, et en profitera pour présenter son nouveau documentaire, Deepsea Challenge 3D. Autour de la compétition seront également rendus deux hommages : le premier à Jessica Chastain, comédienne montante et symbole d’un nouveau Nouvel Hollywood, le second à John McTiernan, cinéaste de polars récemment devenu son propre héros sacrifié. Bref, la rentrée, c’est à Deauville que ça se passe pour 30 euros la journée (15 euros si vous êtes étudiant ou chômeur, ou les deux).
» Voir le palmarès du 40e Festival du film américain de Deauville
Whiplash est un Film dangereux et maladroit. Ne nous laissons pas éblouir par le bon montage frénétique et les bons acteurs.
Il laisse croire (involontairement?) que le harcèlement marche comme pratique pédagogique pour obtenir le meilleur des autres. Il ne dénonce pas les tortures psychologiques, claques, blagues homophobes, agressions physiques et insultes antisémites du fou sadique.
Je me demande si ce film recevrait cette accueil si l’élève avait été une fille
Il laisse croire que cette méthode peut marcher.
Le réalisateur dit en interview que ces méthodes “ça existe ET ça marche”
Bonjour Pierre D,
A la vision du film, je n’ai pas eu l’impression que le réalisateur défendait le harcèlement comme pratique. Il pose la question et incite le spectateur à y réfléchir, ce qui est une bonne chose mais complètement différent d’une argumentation “fermée” comme vous le sous-entendez, non ?
Je n’ai pas lu d’interviews dans lesquelles Damien Chazelle dirait précisément que ça existe ET que ça marche.
En revanche, dans l’interview qu’il a accordée à Grand Écart, il dit :
“Ce n’est pas tant la question de l’efficacité que de savoir si, quand ça marche, ça vaut le coup.” (http://www.grand-ecart.fr/portraits/whiplash-film-jazz-interview-rencontre-damien-chazelle-miles-teller/)
Probablement que oui : que ce soit dans le sport, dans la profession, ou ici dans la musique, la privation, le harcèlement, la souffrance comme moyen d’arriver à ses fins, pour 1000 exclus, il y aura toujours quelqu’un pour dire que ça fonctionne. Mais est-ce que ça en vaut la peine ? Dans Whiplash, le jeune musicien devient un con fini, qui parle de manière hautaine et avec mépris aux autres, y compris ses amis et sa famille, et qui finit dans la plus parfaite solitude. Moi, je n’aurais pas envie de ça. Ca ne m’a pas donné envie. L’élève en colère devient le professeur haineux. Ca ouvre sur beaucoup de questions, et c’est je pense ce qu’il fait d’un film qu’il est bon : ne pas s’arrêter au divertissement pur et simple, proposer des axes de réflexion.
Quant à le qualifier de film “dangereux”, j’ai vu des films dangereux, je crois que celui-ci n’en fait définitivement pas partie…
L’interview que je connaissais est sur http://jullelien.blogspot.fr/search?q=whiplash ; à 4min20seconds il dit “ça existe et ça marche”
Merci pour votre interview (excellente), vraiment. Mais ses réponses sont encore plus accablantes que celles que je connaissais. Même une des questions me donnait bien raison: vous aussi trouviez le film ambiguë
(“A la fin du film, on se demande quelle est votre position sur l’efficacité ou la valeur de cet enseignement. Cette ambiguïté est intentionnelle ?”)
Elle et le film sont une défense d’un pragmatisme moral:
http://www.scienceshumaines.com/le-pragmatisme-une-philosophie-venue-d-amerique_fr_12154.html
Il vous dit “Ce n’est pas tant la question de l’efficacité que de savoir si, quand ça marche, ça vaut le coup.”
Donc on va décider si Fletcher est bien ou mal si la conséquence pratique de ses actions marchent ou pas?
Et bien un film qui dit qu’il faut attendre de voir si telle méthode marche ou pas pour savoir si la méthode était bien ou pas est un film dangereux si des spectateurs décident de faire pareil.
L’avez-vous vu en VO? Quand vous entendez les insultes homophobes et antisémites, devez-vous vraiment attendre de savoir si ça marche pour savoir si c’est bien ou mal de faire cela?
Donc la question n’est pas si ça marche ou pas ?
Ou quand ça marche, est ce que ça vaut le coup?
La question est dés la toute première insulte: c’est juste mal.
Vous répondez ça vaut le coup.
Chazelle répond ça vaut le coup.
Vous oubliez les 1000 dont vous-même parlez, ils ne peuvent plus répondre s’il se sont suicidés.(L’affiche Espagnole est d’ailleurs excellente car elle représente l’élève sur le point de sauter d’une baguette géante).
Désolé du poncif-cliché mais il faut le répéter : « La-fin-ne-justifie-pas-les-moyens » et un film que vous même soulignez est ambiguë à ce sujet est dangereux s’il n’inspire, ne serait-ce qu’un seul spectateur à faire pareil.