Je sais que c’est mal de généraliser et que condamner un genre cinématographique n’est pas politiquement correct. Cela équivaut à un « délit de sale film ». Je bats donc ma coulpe tout en assumant de crier haut et fort : .Je hais les comédies romantiques ! Quand Harry rencontre Sally m’assomme et bien qu’étant farouchement opposée à la peine de mort, je ferais bien une chti’te exception pour les frères Farrelly. Ne me dites pas que c’est parce que je n’ai pas vu les meilleures. Cela équivaudrait à essayer de convaincre un végétalien qu’il s’éclaterait en dégustant de l’andouillette AAAAA. Je n’ai évidemment pas choisi la comparaison au hasard. Je hais les comédies romantiques parce qu’elles sont bêtes à manger du foin.
Des films où il suffit d’enlever ses besicles pour passer de la catégorie « thon à lunettes » à Julia Roberts prennent les gens pour des crétins avec un cynisme absolu. Ce sont toujours des histoires de gens bien logés, bien fringués – enfin là, ça se discute surtout pour les films américains où l’as de pique est souvent en charge des costumes – qui n’ont d’autre préoccupation que de s’ausculter le sentiment. Ils ont des meilleurs amis casés, mais qui ne meurent pas contrairement aux thrillers où les bons copains se font abattre au bout d’une petite demi-heure. Notons que les potes sont souvent joués par des acteurs plus charismatiques que les héros, pas difficile quand des têtes à claques comme Jennifer Aniston, Ben Stiller ou Cameron Diaz tiennent le haut de l’affiche. Ces braves gens s’expriment plus ou moins bien. Cela dépend du dialoguiste. Ils vivent des aventures plus ou moins variées. Cela dépend du scénariste. Il y a des animaux craquants. S’ils peuvent être pétomanes, c’est encore mieux. Mais le modèle est sempiternel. Monsieur et Madame n’ont rien en commun mais ça ne fait rien. Ils finiront par coucher ensemble, souvent en gardant leurs sous-vêtements et par se marier en blanc et avec un curé.
Parfois, certaines bandes hypocrites se dissimulent leur mauvais esprit derrière le masque de l’insolence. Des stars disent des gros mots – transgression ultime -, jouent avec des fluides corporels ou montrent des bouts choisis de leur anatomie. Elles maltraitent des bêtes et se moquent des minorités. Ne vous laissez pas berner par ce déguisement. Sous le costume diable se cache la soutane. Tout rentre dans l’ordre établi. Chacun avec sa chacune. Il peut même y avoir du mariage dans l’air. Après le cinéma des téléphones blancs, on a vu arriver celui des chemins de table et des dîners aux chandelles. On y parle églises et pièces montées prônant le couple classique et la décoration florale comme l’exemple de ce que tout le monde doit souhaiter. Comme si dans le corps de toute femme sommeillaient à la fois Juliette et Valérie Damidot. Dans ces oeuvrettes conçues pour un public féminin, la réussite personnelle ne peut passer que par celle de sa vie sentimentale voire par la maternité. Les comédies romantiques s’appuient sur des bases conservatrices, ce qui rend d’autant plus aberrant qu’elles séduisent des femmes qu’elles décrivent comme incapables de s’épanouir en dehors des sentiers rebattus de la cuisine et des couches-culottes.
Mariée et mère de famille, je pratique ces valeurs sans état d’âme, mais je trouve insupportable qu’on me les assène au marteau-pilon comme un modèle incontournable. Surtout quand on les assortit de gags neuneus et d’un happy end en forme de cauchemar pour diabétique. Je ne comprendrai jamais comment on peut se satisfaire d’un spectacle aussi navrant. Ceux qui sont heureux en ménage ont tout ça à domicile. Et ceux qui ne le sont pas voient des gens souvent plus beaux/riches qu’eux réussir là où ils ont échoué en leur enfonçant le nez dans leurs insuffisances. Il faut une bonne dose d’altruisme et/ou de masochisme pour prendre du plaisir à semblable étalage de bons sentiments sucrés, contes de fées pour adultes qui colle aux dents. N’étant en possession d’aucun de ces ingrédients, je hais les comédies romantiques, ennemies de l’humour et du romantisme, du moins de la façon dont je les apprécie. Ceux qui prétendent que je n’ai pas de cœur ont raison. Je l’ai effectivement vendu en brochettes à la Fête de l’Huma au début des années 1980, mais ça, c’est une autre histoire…
C’est vrai que Breakfast at Tiffany’s est un infâme navet, que Frank Capra et Billy Wilder n’ont réalisé que des bouses, que Coup de foudre à Notting Hill est hyper mal interprété et que l’hyperréalisme au cinéma est source intarissable de plaisir.
Et oui, souvent, dans les comédies romantiques, il y a “Happy ending” sinon, cela s’appelle une comédie dramatique.
Cela dit, ça claque comme titre “je hais les comédies romantiques”, hommage aux esprits contradicteurs dont je pourrais fais partie car l’exercice est agréable.
Mais on s’attend alors à un “détricotage” en règle des rouages de ce genre et pas un cri du coeur contre des films bidons sur lesquels il est inutile d’écrire plus de 3 mots (“c’est naze” suffit, en général).
La posologie est simple: regarder de bonnes comédies romantiques, singulières et brillamment écrites, avec de bons acteurs et arrêter les fêtes de l’Huma, c’est très mauvais pour le coeur.
Ah, et changer le titre: ” Je hais les films de merde qui finissent bien “.
Bon c’est moins classe, je vous l’accorde.
Une qui peut-être peut vous faire changer d’avis, parce ses ingrédients sont le contre-pied de ce que vous détestez: l’adaptation du ” Taming of the shrew ” shakespearien dans “Shakespeare retold”, téléfilm de la BBC, hélas non disponible en français. L’humour anglais, indispensable thérapie.
Bon, je réponds quelques années plus tard, mais c’est vraiment pas faut ce que vous dites
Mieux vaut tard que jamais !