Humeur #3 : Ryan est là

 

Ryan GoslingMardi 20 mai. On est à mi-parcours de la grand-messe du cinéma. Les professionnels de la profession se pressent dans les salles du palais des Festivals pour assister à ce qu’ils ne verront pas ailleurs : 3h16 de film turc (Winter Sleep), la caméra virevoltante de Naomi Kawase (Still the Water, sans conteste notre favori pour le moment), les frères Dardenne ovationnés par un parterre de 2400 invités (Deux jours, une nuit), les clarinettes grésillantes à force de volume sonore du compositeur Gary Yershon (Mr Turner), l’autre Ouest américain sur très grand écran (The Homesman)… Sans compter les perles hors compétition qui font parfois les grandes heures du Festival : la puissance de Wim Wenders lorsqu’il embrasse le travail de Sebastiao Salgado (Le Sel de la terre), la critique désopilante du modèle familial suédois (Force majeure) ou l’extraordinaire dressage d’un moineau (le secret Bird People). Et bien sûr, l’événement parmi les événements : Lost River, le premier film de Ryan Gosling. Oubliez toutes les perles précédentes : aujourd’hui, Ryan était dans toutes les têtes. Celles des journalistes arrivés 1h45 avant la projection du film pour être sûrs de ne pas en rater une miette (réussi), celles des journalistes arrivés dix minutes avant la projection du film et obligés de resquiller pour être sûrs de ne pas en rater une miette (échec), celles des fans éperdu(e)s qui ont crié son nom lorsque Ryan a monté le tapis rouge, celles des photographes qui ont utilisé l’intégralité de leur carte SD pendant les 3 minutes de pose de Ryan sur le même tapis, et même celles des journalistes de Grand Écart, malheureusement privés de projection. Oui, à Cannes il y a des films d’auteurs d’exception qui remplissent les salles, il y en a d’autres qui les font déborder et créent un état de guerre (on a presque assisté à un nouvel épisode des Nouveaux Sauvages). Pour quel résultat ? Un “mauvais film”, un film “narcissique gothique” copié sur le cinéma de Nicolas Winding Refn, selon les premiers échos. Mais ce n’est qu’un détail, après tout.

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