Présenté à la 53e Semaine de la critique – Film d’ouverture
Qui ?
Il y a deux ans, Rachid Djaïdani avait bousculé la Croisette avec Rengaine, présenté à la Quinzaine, tourné avec des bouts de ficelle, une DV à la main, dans les rues de Paris, pendant neuf ans. Un film coup de poing, un film poignant, en tout cas, fait avec les tripes. Djinn Carrénard ouvre la Semaine de la critique avec un parcours similaire. Donoma, en sélection à l’ACID en 2010, avait bousculé les règles de la production et de la distribution, ravivant le guérilla film making à l’heure des réseaux sociaux. Tourné, selon la légende, pour 150 euros en 2009, il reçoit le prix Louis-Delluc deux ans plus tard.
Quoi ?
Pour son deuxième film, Djinn Carrénard s’autoproduit toujours, mais cette fois-ci avec une équipe et un peu plus de moyens, auréolé d’une rumeur forcément favorable, revendiquant son indépendance. Il conserve la forme du film choral et des histoires qui s’entremêlent (un désir d’enfant, une ambition de musicien, la lutte pour la réinsertion), et poursuit son questionnement, cette fois plus ancré dans le réel et le concret : la construction de l’amour.
Résultat des courses ?
S’autoproduire et garder sa liberté, ok. Mais les producteurs ne sont pas que des méchants messieurs avec des cigares qui ne pensent qu’au pognon. Quelqu’un aurait ainsi pu dire à Djinn Carrénard que relire un scénario, ça se fait, et que l’usage des ciseaux en salle de montage n’est pas superflu : 2h45 de blabla, de mauvais rap, d’engueulades interminables, de dialogues mal improvisés plus que mal écrits, le tout sans faire le point (et pourtant, comme dirait Aimé, “ça ne coûte pas plus cher de bien manger”) et à travers des filtres Instagram (les filtres qui soi-disant donnent du style à ce qui n’en a pas à l’origine). Dommage parce que çà et là, affleurent les moments d’émotion, l’espoir d’une justesse, l’ébauche d’un personnage. FLA ferait peut-être un bon film d’1h30. Mais 2h45, pour les nerfs, c’est compliqué.
FLA – Faire : l’amour de Djinn Carrénard, avec Azu, Laurette Lalande, Maha, Saul Williams… France, 2014. Film d’ouverture de la 53e Semaine de la critique.