Privé de sortie
Pour son incursion dans le polar, Atom Egoyan fait corps avec ses sujets de prédilection : la famille et le deuil. Sauf qu’ici, la famille en question – père et mère – refuse de faire le deuil de Cassandra, leur fille disparue huit ans plus tôt. Tandis que la mère s’enfonce dans la dépression et la colère, lui est rongé par la culpabilité qu’il entretient quotidiennement à l’aide d’un mausolée à l’arrière de sa voiture – voiture qui semble être une seconde maison pour lui. Un tel polar – disparition d’une mineure, enquête qui s’enlise, paysages enneigés à la tristesse infinie – ne peut qu’être comparé à ses illustres précédesseurs. Un vient en particulier à l’esprit, parce qu’il est récent et diablement réussi : Prisoners (Denis Villeneuve, 2013), œuvre crépusculaire tirée au cordeau. La neige et un père meurtri qui refuse de baisser les bras : voilà les seuls points communs entre les deux films. Captives n’est illuminé que par de rares moments remarquables ; l’ensemble peine à susciter un véritable intérêt, que la fin attendue (malgré quelques ultimes rebondissements bien sentis) ne vient pas relever. Captives est divertissant comme un téléfilm de seconde partie de soirée, ce qui n’est déjà pas si mal mais bien loin d’un Exotica ou d’un De beaux lendemains du même réalisateur.
Captives (The Captive) d’Atom Egoyan, avec Ryan Reynolds, Scott Speedman, Rosario Dawson… Canada, 2014. Présenté en compétition au 67e Festival de Cannes. Sortie le 1er octobre 2014.