Dieu est un fumiste en tatanes
En bon Belge qu’il est, Jaco Van Dormael s’inscrit parfaitement dans la tradition de l’absurde. Regarder le monde par un autre angle, en modifier une donnée essentielle, et voir ce que ça donne. Ici, le réalisateur découvert à la Quinzaine en 1991 avec Toto le héros – et une Caméra d’or au passage -, signe le pitch le plus excitant lu depuis longtemps : “Dieu existe, il habite à Bruxelles, il est odieux avec sa femme et sa fille.” Benoît Poelvoorde, toujours aussi survolté, incarne donc Dieu, reclus dans un immense bureau où il invente des lois pour emmerder le monde sur un ordinateur (la tartine tombera toujours du côté de la confiture ; la file d’à côté va toujours plus vite ; ou encore quand on tombe amoureux, ce n’est pas avec cette personne que l’on passe sa vie), provoque des crashs d’avion, des déraillements de train ou des inondations, parce que ça l’amuse. Parce qu’il aime le pouvoir, dira plus tard sa fille vengeresse. Il séquestre sa femme – dont les seules occupations sont la broderie et les équipes de baseball – et sa fille – qui, ne supportant plus le pouvoir paternel, suit les traces de son frère JC, en partant en quête de six apôtres supplémentaires. Sans avoir oublié de planter le Grand Ordinateur et de balancer à tout propriétaire d’un téléphone portable l’heure exacte de sa mort.
Jaco Van Dormael s’attaque à un sujet plus philosophique que religieux – convoquant pêle-mêle Jean-Jacques Rousseau ou Jean-Claude Van Damme – en interrogeant ce qui fait l’humanité : la conscience de sa propre mort, mais amputée d’une part du mystère. Chacun étant alors renvoyé au bilan de son existence. Certains changent tout, dans l’espoir de grappiller quelques semaines, ou années, c’est selon, de bonheur avant la mort. D’autres, plus rares, en paix avec leurs choix, ne changent rien. Avec des réflexions parfois convenues mais de jolies idées, et parfois les deux en même temps, le cinéaste écoute la musique intérieure de ses personnages et convoque les rêves de tous : parcourir le monde, retrouver la grâce d’une main, devenir une fille pour un petit garçon, trouver l’amour sous les formes les plus inattendues. Oublié Mr Nobody, avec ce Tout Nouveau Testament, Jaco Van Dormael se replace dans la veine de Toto le héros : la présentation de son histoire et de ses personnages par la voix off d’un enfant, un attachement aux petits ennuis du quotidien universellement reconnus, des plans très graphiques, un rythme soutenu. Mais signe un film beaucoup plus drôle et plein d’espoir, de la Genèse grise de l’enfermement de l’appartement divin, au Cantique des cantiques ensoleillé et fleuri.
Le Tout Nouveau Testament de Jaco Van Dormael, avec Benoît Poelvoorde, Pili Groyne, François Damiens, Catherine Deneuve, Yolande Moreau… France, Belgique, Luxembourg, 2014. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs 2015.
Est-ce que le film ‘‘Le tout nouveau testament’’ est uniquement un film blasphématoire?
Eh bien non, ce n’est pas uniquement un film satanique, antichrétien et faisant la promotion de la théorie du genre. Non c’est également le plagiat inversé d’un livre datant de 2010 et écrit par un chrétien.
Le titre du livre: 18 la prophétie: 1- à l’aube du premier jour.
Le nom de l’auteur: Atanas Ivanov Koutrev.
Les similitudes entre les deux œuvres sont troublantes.
Le livre en question est un mélange de religion, de fantastique, de philosophie avec un peu d’humour.
Le film également.
Le livre est une version moderne et rock and roll de la Bible.
Le film également.
Dans le livre, un jeune homme de 18 ans, vivant à Paris commence à avoir des songes prophétiques, suite à cela, il comprend qu’il doit partir à la recherche de 18 prophètes pour sauver le monde. Il prêche la fin du monde matérialiste et le nombre 18 revient constamment au sein de l’ouvrage.
Dans le film, une jeune fille vivant à Bruxelles décide suite à une rébellion vis-à-vis de Dieu, de partir à la recherche de 6 apôtres pour compléter les 12 de Jésus-Christ afin d’arriver au nombre 18. Elle prêche le matérialisme et la rébellion vis-à-vis de Dieu. Le nombre 18 revient constamment au sein du film, sans que personne ne puisse expliquer pourquoi, ce qui n’est pas surprenant car l’auteur ne le révèle que dans le tome 4, or les réalisateurs ont clairement plagié le tome 1.
La scène du film dans laquelle la jeune fille est debout face à la fenêtre de son immeuble vient directement du premier songe du livre.
La tour de Dieu dans le film ressemble visuellement à l’illustration de la Compagnie Denver dans le livre.
En image subliminale pendant la séquence avec le petit garçon au chapeau noir, on voit une montagne qui ressemble à la montagne sur la couverture du livre.
La première partie du livre évoque de nombreux songes prophétiques, idée reprise dans le film.
La seconde partie du livre raconte l’histoire du jeune homme lorsqu’il part à la recherche des 18 personnes de son premier songe. Chacun de ses apôtres a son propre chapitre, le tout selon un découpage minutieux afin que chacun ait sa partie bien spécifique. Idée également reprise dans le film.
Dans le livre, Dieu guide le personnage principal via des songes.
Dans le film, Dieu est un salaud, combattu par le personnage principal, ce qui rend le travestissement du message de l’auteur d’autant plus grave. Le but du réalisateur étant clairement de manipuler l’information afin que le public ne puisse pas connaître la vérité sur le nombre 18.
Dans le livre, dans le chapitre 35 de la seconde partie, le personnage principal se retrouve face à ce qu’il croit être un miroir alors qu’en réalité il s’agit d’une baie vitrée derrière laquelle il voit quelqu’un qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Cela fut également repris dans le film, il s’agit de la scène du miroir avec François Damiens. Impossible pour le spectateur d’y trouver un sens sans avoir lu l’ouvrage en premier.
Dans le film, le petit garçon au chapeau noir est peut-être une référence à l’homme au chapeau noir du livre.
Dans le film, la scène sous la pluie dans laquelle la jeune fille écarte les bras est une reprise du chapitre 38 de la seconde partie du livre.
Dans le film, la jeune fille reconnaît elle-même que ce n’est pas à elle d’écrire ce nouvel évangile, et que fait-elle? Elle choisit un clochard au hasard et dyslexique de surcroît. C’est ainsi que le réalisateur voit l’écrivain en question, comme un clochard qui peut-être piétiné par lui car étant moins puissant financièrement. Plus tard dans le film, on apprend que le clochard aurait passé 6 mois en prison. Dans le livre, le personnage principal finit par embrasser la passion Christique sous forme d’emprisonnement carcéral qui durera en tout et pour tout 6 mois. Dans le film, on voit à la fin le clochard dédicacer des livres, tout comme l’auteur le fait dans la vraie vie.
Dans le film, la fille et le clochard se rendent dans un endroit qui ressemble à l’illustration de la planète 8 du livre.
Dans le livre, il n’y a pas de place pour la sexualité.
Dans le film, il n’y a que ça. L’homosexualité y est mise en avant comme une qualité via le dernier apôtre, sans parler de la zoophilie.
Dans le chapitre 40 de la troisième partie du livre, il y a un passage de réflexion évoquant des oiseaux, c’est également le cas dans le film.
Pour ce qui est de l’identité de la jeune fille du film. Il ne faut pas chercher bien loin, car dans le livre, dans le chapitre 31 de la troisième partie, le méchant de l’histoire tombe sur une fille qui lui rappelle le personnage principal, car elle est dotée de la même lumière.
Dans le livre, dans la seconde partie, le personnage principal dit à un de ses futurs apôtres de lâcher son arme en échange d’un cappuccino. Dans le film, la jeune fille en fait de même face à François Damiens.
Dans une Interview qui date de début 2013, l’auteur du livre a dit que chaque musique représentait pour lui un livre différent.
Dans le film, ils ont également repris cela, car la jeune fille dit que chaque personne a sa propre musique intérieure.
Finalement quand on enlève du film tous les éléments qui viennent du livre, que reste-t-il?
Il reste des blasphèmes, de la nudité, de la zoophilie, de la théorie du genre, un poisson qui chante, des poulets dans une salle de cinéma, des machines à laver, des SMS et… et c’est tout en fait. Cela fait peu pour un film de deux heures. Et on constate que certains satanistes sont prêts à investir des millions pour inverser le message d’un chrétien indépendant. Message qui bien que le livre soit fantastique, est tiré de faits réels.