Oui, oui, en cette période de fêtes, les rediffusions affluent sur toutes les chaînes. On se plaint, on se plaint de voir toujours les mêmes programmes (même si on peut douter que les ados d’aujourd’hui aient vu Sissi), et en plus, grands dieux, du prix véritablement honteux de la redevance télé. Mais alors, mes bonnes gens, pourquoi avoir encore la télévision chez vous ? Un ordinateur, un DVD ou un téléchargement, et hop : plus besoin de cet encombrant écran noir qui trône au milieu du salon. A moins que… les personnes qui se plaignent des éternelles rediffusions et du prix – véritablement honteux – de la redevance télé soient les mêmes que ceux qui passent trop de temps devant la télé ? A trop aimer, on critique ? Rappelons en tout cas que si la télé n’offre pas que des merveilles, la redevance octroie des aides à France Télévisions (ce qui a notamment permis de supprimer la publicité à partir de 20h), à Radio France (dont le réseau de radios nationales est des plus qualitatifs), à Arte France (une chaîne foncièrement originale), à l’AEF, qui gère l’audiovisuel extérieur de France et s’assure de la cohérence des programmes de RFI, TV5 et France 24, et enfin à l’INA, lui permettant “de poursuivre le plan de sauvegarde et de numérisation de ses archives menacées, de lancer le dépôt légal du Web et de développer les activités du pôle Enseignement et recherche”. 131 euros (le prix de la redevance audiovisuelle en 2013) pour tout ça ? Banco. En attendant, cette semaine les plus jeunes vont pouvoir découvrir l’excellent Garde à vue de Claude Miller, et les plus vieux qui n’aiment pas les rediffusions l’anarchiste V pour Vendetta de James McTeigue.
Dimanche 30 décembre
Le crime était presque parfait, d’Alfred Hitchcock – 20h45 – Arte
L’Imaginarium du Dr Parnassus, de Terry Gilliam – 22h30 – France 2
V pour Vendetta, de James McTeigue – 23h20 – TF1
Le crime était presque parfait : huis clos angoissant et machination machiavélique ratée : du grand Hitchcock, en somme, où la clé de l’énigme est bien planquée.
La programmation du dernier film de Terry Gilliam – avant le prochain, The Zero Theorem, dont il vient de terminer le tournage, hiiii – est un scandale. D’abord, L’Imaginarium du Dr Parnassus est en VF, alors adieu la voix caverneuse de Christopher Plummer. Ensuite, il passe APRES l’insipide Le Goût de la vie, qui, lui, a droit au prime-time. Disons qu’il reste au moins la beauté des images du maître…
Sinon, rabattez-vous sur l’adaptation du magistral roman graphique d’Alan Moore, V pour Vendetta, signée James McTeigue mais surtout scénarisée et produite par les frères (et sœur) Wachowski. C’est beau, ça explose de partout, Natalie Portman a le crâne rasé, le film respecte relativement bien l’esprit de la BD, et c’est en VM. En plus, après ça, vous saurez pourquoi les membres d’Anonymous arborent le visage de Guy Fawkes.
Lundi 31 décembre
Garde à vue, de Claude Miller – 20h50 – HD1
Le Grand Blond avec une chaussure noire, d’Yves Robert – 20h45 – 6ter
Voilà une programmation bien pensée. Si vous êtes devant votre télé ce soir, c’est que vous êtes coincé chez vous, pour une raison ou pour une autre. Tout comme l’est Michel Serrault face à Lino Ventura pour cette nuit de réveillon en garde à vue. Les dialogues d’Audiard (qui n’a pas écrit que des bonnes vieilles comédies, qu’on se le dise), l’ambiguïté de Serrault (vieux dégueulasse ou homme respectable en smoking), la brutalité fatiguée de Lino Ventura, et la beauté de Romy Schneider… Même scotché devant l’écran, bonne soirée garantie.
Par contre, il est déconseillé de jeter un œil sur 6ter : si c’est pour tomber sur la légendaire robe de Mireille Darc dans Le Grand Blond avec une chaussure noire, regarder la sienne, et avoir envie de mourir par comparaison, merci bien.
Mardi 1er janvier
Le Corniaud, de Gérard Oury – 20h50 – TF1
Il faut toujours un bon Louis de Funès un 1er janvier avec la gueule de bois. On le connaît par cœur, on ne réfléchit pas, et la faiblesse de notre état général nous permet de rire, encore, cinquante ans plus tard. La télé a d’ailleurs parié sur une gueule de bois générale qui nous empêcherait de lire des sous-titres. Résultat, tous les autres bons films sont en VF. Comme on boude, on vous les livre en vrac, pour répondre au mépris des chaînes à notre égard : Intolérable cruauté, Rain Man, Blade Runner, Little Miss Sunshine, Divorce à l’italienne.
Mercredi 2 janvier
Jo, de Jean Girault – 20h45 – France 4
Sleepy Hollow, de Tim Burton – 20h55 – arte
Parfois, l’immense fatigue intellectuelle vient le lendemain. Parfait pour ce burlesque Jo, où de Funès en fait des caisses, tout comme Claude Gensac. Mais leur manière improbable de tenter de cacher un cadavre à un flic un peu aveugle fait toujours mouche.
Arte poursuit son cycle burtonien avec Sleepy Hollow, peut-être sa dernière grande réussite. L’ambiance gothique en carton-pâte face aux certitudes excentriques de Johnny Depp fonctionne à merveille pour ce mélange d’humour et d’angoisse. Ce qui passe beaucoup moins dans Sweeney Todd, à suivre sur Arte, dont on peut se dispenser.
Jeudi 3 janvier
Il était une fois dans l’Ouest, de Sergio Leone – 13h35 – France 3
Mary Poppins, de Robert Stevenson – 20h50 – W9
Il était une fois dans l’Ouest est en VF, mais l’harmonica d’Ennio Morricone, lui, est en VO. Les yeux de Charles Bronson aussi.
Un dernier “morceau de sucre” avant de retrouver la vraie vie après les fêtes. Julie Andrews est pétillante dans Mary Poppins face à un Dick Van Dyke qui endosse quasiment tous les autres rôles emblématiques, de Bert qui danse avec les pingouins ou sur les toits de la ville, au vieux banquier chez qui l’on doit bien placer ses deux pence, en passant par celui qui a un ami dont la jambe de bois s’appelle Smith. En un mot : supercalifragilisticexpialidocious. En VM, s’il vous plaît.
Et ce week-end, continuez les rediffusions en ressortant vos vieilles VHS de Nuits blanches à Seattle ou Elle et lui, purs films de Noël…