Des films sur l’adolescence et le délicat passage à l’âge adulte, il y en a eu pléthore. Du Cercle des poètes disparus à Virgin Suicides, de Diabolo menthe à LOL, de La Fureur de vivre à Carrie en passant par Juno, Donnie Darko et autres Mysterious Skin, Naissance des pieuvres et Ken Park, l’adolescent, son mal de vivre, ses émois amoureux, sa violence intérieure, ses métamorphoses bouleversantes, ont toujours été un sujet de cinéma lucratif et inépuisable. A chaque année, son film générationnel qui fait date. Ou non. De prime abord, on est tenté de ranger Le Monde de Charlie dans la catégorie « Film gentillet au scénario déjà vu ». Après tout, ce jeune Charlie un peu trop solitaire, tout chou-tout intello à la limite de l’autisme, cachant un terrible secret qui ne demande qu’à s’extirper de lui, on en a goûté au petit déjeuner. La bande d’amis en marge de la société qu’il se forge et avec qui il va découvrir les joies de l’amour et de l’insouciance, fleure bon le recyclage. Et pourtant, Charlie nous emporte, sans crier gare et on oublie peu à peu que cette histoire, on la connaît par cœur. En adaptant son propre roman à succès (à la base épistolaire), Stephen Chbosky se focalise sur ses trois héros et leur offre une personnalité attachante et empathique. La connivence avec le spectateur est immédiate et on se surprend à vibrer avec eux au rythme de leurs (més)aventures sentimentales et scolaires. Il faut dire que l’apprenti réalisateur a peaufiné son casting en s’adjoignant des jeunes talents indéniables, mais en leur offrant une dimension émotionnelle supplémentaire, enrichissant un CV artistique déjà bien rempli. Ainsi le jeune Logan Lerman (déjà vu dans Percy Jackson), impose un naturel désarmant, tout en sourires lunaires et violence contenue. Emma Watson confirme tout le bien qu’on pensait déjà d’elle en Hermione Granger (avant de la retrouver avec impatience dans le prochain Sofia Coppola) et surtout le charismatique Ezra Miller, remarqué dans We Need to Talk about Kevin et Another Happy Day, transfigure son personnage déjà borderline de sa folie douce. C’est grâce à l’alchimie de ces trois-là que Le Monde de Charlie devient bien plus qu’une énième chronique sur l’adolescence et ses déconvenues. Il offre un supplément d’âme dans ce qui pourrait bien devenir un hymne à la liberté et à la délivrance pour toute une génération. Avoir 16 ans et rencontrer Charlie et ses drôles d’amis, afin d’atteindre avec plus de sérénité, les turpitudes des adultes.
Le Monde de Charlie de Stephen Chbosky, avec Logan Lerman, Emma Watson, Ezra Miller, Paul Rudd, Dylan Mac Dermott, Joan Cusack… Etats-Unis, 2012. Sortie le 2 janvier 2013.
Je ne lis et n’entend que du bien sur ce film .. mais aurais-je le temps d’aller le voir, c’est une autre histoire !