L’escale, c’est celle d’une buanderie d’Athènes. Là, vivent des migrants iraniens qui cherchent à gagner l’Europe. Ils sont passés par la Turquie, et échouent en Grèce, d’où ils tentent de partir. Kaveh Bakhtiari est un réalisateur suisse, d’origine iranienne. Alors qu’il est invité à présenter un court-métrage à Athènes, il apprend que son cousin a été arrêté. Il rejoint alors le groupe de migrants avec lequel celui-ci est arrivé en Grèce.
Kaveh Bakhtiari signe un film bouleversant. Il s’immerge dans ce groupe, vit avec eux, montre leur quotidien. Mais il ne se contente pas de décrire. Il fait tout partager. Les relations fortes qui se créent entre ces hommes. La solidarité d’Amir qui les héberge et prend sous son aile un adolescent qui doit rejoindre sa mère en Norvège. Les larmes de Yasser qui réussit à contacter ses parents par Skype. Sa déception quand il découvre sa nouvelle coupe de cheveux pour ressembler à la photo d’un passeport. Leur douceur à tous quand ils touchent la main d’un bébé. Les rires, les engueulades, la peur. La peur que tout cesse. La peur du basculement dans la tragédie. A chaque instant dans leurs regards nerveux. Parce qu’ils parlent au réalisateur, à sa caméra, c’est aussi à nous qu’ils parlent. C’est aussi avec nous que se créent ces liens, l’espace d’un film. Un film qui saisit par sa force, son humanité. Par sa dernière séquence, si dure, si longue, si belle.
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L’Escale de Kaveh Bakhtiari. Iran, 2013. Présenté à la 45e Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes.
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