Revoilà Vincent Delerm avec ses chansons douces et ses détracteurs. S’il a toujours ponctué ses textes de références cinématographiques : Fanny Ardant par-ci, Jean-Louis Trintignant par-là, Mathieu Amalric récitant le générique de fin de son album Kensington ou Irène Jacob chantant à ses côtés… Les Amants parallèles, son nouvel album, se définit comme la bande originale d’un film qui conterait une histoire d’amour dans sa durée. Rencontre au fil des toiles avec l’auteur du Baiser de Modiano.
Le premier film ?
Je dirais Le Ballon rouge. Je n’avais pas la télé quand j’étais petit, c’était donc forcément au cinéma. Un film très triste. Ca a ambiancé définitivement toute mon existence !
Le film le plus érotique ?
Un film de De Broca, quel qu’il soit. Je crois que l’attirance que j’ai eue pour les femmes a toujours été très liée aux films de De Broca. Il filmait toujours des filles très belles, complètement dans l’action. On a l’impression qu’elles ne se maquillent pas, que tout ça est très naturel, qu’elles ont passé seulement trois minutes dans la salle de bains mais elles en ressortent avec un brushing parfait. L’Homme de Rio, tiens. Ah ! Sinon, il y a Ma nuit chez Maud, d’Eric Rohmer. Sans discussion possible. Je ne saurais pas dire pourquoi, là aussi c’est un film très érotique, le fait qu’ils dorment l’un à côté de l’autre, que rien ne se passe, mais en même temps on sent que ce serait possible. Un érotisme en creux.
Le film dont on ne se remet pas ?
C’est marrant, j’ai ça en chansons, genre Mon enfance de Barbara. Ca dure trois minutes et on se fait cueillir. En film en revanche… La Vie et rien d’autre ? Mais j’ai tendance à ne pas aller voir les films « forts », parce que ça me fait trop d’effet. Genre Amour, j’évite. C’est le genre de sujet qui va me plomber. C’est sûrement magnifique, mais… La guerre est déclarée, idem. Je pense déjà suffisamment à tous ces sujets, alors je n’ai pas envie d’en rajouter une couche. Je préfère regarder des Snoopy !
Le film interdit qu’on essaie de se procurer ?
Je n’avais pas de magnétoscope à la maison, mais je me souviens que Les Oiseaux d’Hitchcock était sorti et l’on m’avait dit que j’étais trop jeune. Ca m’avait interpellé. J’ai évidemment fini par le voir plus tard, et j’ai compris pourquoi on me l’avait interdit.
Le film que vous auriez aimé réaliser ?
Le Dernier Métro de François Truffaut. C’est le film qui m’a donné envie de faire du spectacle. Je le regarde toujours systématiquement le jour d’une première, le jour de la dernière, je le regarde aussi le jour de la sortie des albums, il y a tout dans ce film, la vie, la scène, les deux qui se mélangent, avec l’un qui parfois l’emporte sur l’autre, c’est un film qui me suivra toujours.
L’acteur et l’actrice disparus avec qui auriez aimé diner ?
Je dirais Charles Denner, et surtout Delphine Seyrig. Elle devait être quelqu’un de vraiment chouette avec ce côté “en dehors des choses”. On imagine qu’elle pourrait se passionner pour des trucs pas très intéressants, du coup ça m’irait plutôt bien.
Vos héros préférés ?
Le héros pour moi reste finalement très lié à la figure de Belmondo, que ce soit Cartouche, le type d’A bout de souffle ou Le Magnifique. Ah non ! Mon héros préféré, c’est Columbo ! Columbo c’est vraiment hyper important dans ma vie. Son petit côté provincial, comme moi, sa façon d’arriver en ville, de débarquer dans des énormes baraques, dans des milieux hyper friqués où on boit du whisky tous les soirs, en passant un peu pour un con, sa manière de s’intéresser à la vie des gens. Son univers me paraît très rassurant. Quand ça va pas fort je me regarde un Columbo. Et donc, si je devais dire une héroïne : Madame Columbo. La fameuse.
La VHS que vous conservez ?
J’en ai deux, vraiment précieuses, il y a celle avec tous les Centres de visionnage d’Edouard Baer, et une avec la finale de la Coupe Davis à Lyon en 1991. C’est un truc que j’ai fait numériser. Les commentaires de Michel Dhrey et Jean-Paul Loth ! Pour les gens qui les aiment bien, c’était un peu l’apothéose de leur relation. Loth est fatigué par ses problèmes de santé, mais on sent qu’il est hyper heureux de vivre ça, en tant que président de la Fédération française qui a toujours accompagné l’équipe de France : Noah, Leconte et toute cette génération. On sent que c’est un moment fort pour lui. Quand je regarde ça, ça me fout des frissons. Pour me faire pleurer, il faudrait qu’il y ait un film avec Jean-Paul Loth.