Plateau télé : semaine du 10 novembre

 

Avatar, de James CameronC’est la semaine de la révolte. La télé connaît son business. Spécialiste des marronniers, ces sujets qui reviennent tous les ans à la même époque, elle sait que l’automne est toujours la saison de la revendication – même si c’est souvent la rentrée qui en est affectée. Alors on nous programme des films où il est question de s’élever contre le système, de s’affranchir, de se rebeller, qu’importe les raisons, du moment que le mouvement soit collectif et solidaire, et ce, qu’on soit femme, enfant, extraterrestre tout bleu, ou Kirk Douglas en jupette.
 

Avatar, de James Cameron – dimanche, 20h50 – TF1

C’était il y a quatre ans et ça paraît une éternité. Le renouveau de la 3D était balbutiant, et cantonné aux effets gadgets de films sans intérêt et déjà oubliés comme Meurtres à la Saint-Valentin. James Cameron débarquait, et comme toujours, promettait de révolutionner tout ça. Premier film tourné en prises de vues réelles pour la 3D, Avatar a effectivement été l’événement de la fin d’année 2009. Seulement voilà, quatre ans après, alors que vient de sortir Gravity – qui renverse l’effet en se servant de la 3D, non pas pour le relief, mais pour l’incroyable et vertigineuse sensation de vide qu’elle procure –, on ne peut s’empêcher, devant sa télé en 2D, d’être fasciné par la platitude d’Avatar. Tout ce bleu, ça fait quand même penser qu’on est devant Sigourney Weaver chez les Schtroumpfs.
 

Spartacus, de Stanley Kubrick – dimanche, 20h45 – Arte

Même si une veille de 11 Novembre, Les Sentiers de la gloire aurait été plus adapté, on ne boude pas son plaisir devant Kirk Douglas en jupette et slip géant. Surtout que cette histoire de rébellion n’est jamais tout à fait en dehors de toute actualité. Un péplum filmé comme un western, un Gladiator sans les champs de blé et la grandiloquence de Ridley Scott, mais avec une histoire d’amour un peu sirupeuse au clair de lune, et des corps bronzés et luisants. Spartacus, plus qu’un film, est aussi sa légende. Celle d’un film voulu par sa star, à la fois avec et contre le système : des stars hollywoodiennes et un brin de mièvrerie pour un film libertaire contre « la liste noire » d’Hollywood et du maccarthysme.
 

Les Mains en l’air, de Romain Goupil – mardi, 23h25 – France 3

Une histoire d’enfant sans-papiers menacé d’expulsion à l’école, on aimerait que Les Mains en l’air parle d’une époque révolue. C’est d’ailleurs comme cela qu’il débute, par les souvenirs de l’héroïne, près de soixante ans plus tard. Mais parce qu’il est filmé à hauteur d’enfant, c’est surtout une histoire de solidarité naturelle, évidente, et naïve. Car c’est toujours le collectif qui intéresse Romain Goupil, auteur de Mourir à trente ans. Il filme cet élan irréfléchi, parfois irrationnel, mais irrépressible. Il filme l’inquiétude et l’amitié avec envie et fierté. L’engagement primaire à l’école primaire.
 

Thelma et Louise, de Ridley Scott – mardi, 22h40 – Numéro 23

Rébellion, toujours, avec cette embardée de deux femmes en quête de liberté, face à l’oppression masculine. Une quête parfois dangereuse, en tout cas violente. Comme si l’on ne pouvait s’affranchir que dans le sang et la cavale clandestine. La fuite est pourtant joyeuse et effrénée, avant sa chute inéluctable. Une libération qui ne mène pas vers un avenir meilleur, mais qui n’a pour seul but que d’exister. Alors tout est permis, avec une insouciance folle. Une parenthèse enchantée si elle n’était pas sanglante.

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