La nouvelle salve Artus Films vous invite à découvrir l’âge d’or du gothique espagnol et italien. Deux œuvres symboliques (Le Bossu de la morgue et Les Amants d’outre-tombe) vous serviront de mètre étalon, aussi trois chouettes « space opéra vintage » et trois nouveaux Cine-Fumetti. Bon appétit.
Le gothique espagnol
Le Bossu de la morgue réalisé par Javier Aguirre avec Paul Naschy, Rossana Yanni, Victor Alcazar…
Gotho (Paul Naschy), un misérable bossu, est employé à la morgue d’un hospice. Il s’occupe des tâches les plus ingrates, à la risée de tout le personnel. Amoureux fou d’une patiente, il prend soin d’elle autant qu’il le peut. Hélas, elle ne survit pas à sa maladie, ce qui plonge Gotho dans le chagrin. Désespéré, il cache la belle dans le sous-sol de la morgue. Un médecin sans scrupules lui promet de la ramener à la vie. Mais, en échange, il doit l’aider dans ses recherches : Gotho doit ramener des cadavres tout frais…
Le Bossu de la morgue fait penser à ces cirques barnums qui passaient jadis de village en village avec en tête d’affiche le bossu capable de soulever d’un bras la femme à barbe enceinte des siamois cul-de-jatte. Romantisme, horreur, fantastique, le gothique espagnol rassemble un gloubi-boulga de genre cinématographique qu’une hyène n’y retrouverait pas ses petits.
Notre bossu Gotho, amoureux transi et ravagé par le chagrin, ne s’embarrasse pas des complications quotidiennes, si tu l’emmerdes, il te plante. Coté pratique, la morgue est à proximité ! Armé d’une tête mono-expressive, Paul Naschy joue le bossu avec moins de finesse que Gérard Depardieu dans Jean de Florette !
Pour la petite histoire, Le Bossu de la morgue a été tourné dans l’urgence suite à l’accident d’une actrice sur un autre tournage. L’urgence motive les troupes, c’est bien connu. Le film transpire cette passion du cinéma d’horreur qui donne du chien à de nombreuses séquences. La légende, vérifiée ou non, raconte qu’on y a cramé une pelletée de rats et qu’au mois un cadavre serait un vrai corps, mais ceci est une autre histoire. Les fans du genre ne peuvent en aucun cas passer à coté de ce bijou.
Le DVD est accompagné d’un super livret sur l’âge d’or du gothique espagnol raconté par Alain Petit. Sans oublier la fameuse interview filmée du même Alain Petit qui dure quand même 90 minutes.
Les Vampires du docteur Dracula réalisé par Enrique Lopez Eguiluz avec Paul Naschy, Dyanik Zurakowska, Rossana Yanni, Manuel Manzaneque…
En pillant le caveau d’un vieux château, des bohémiens retirent une croix en argent du cœur de Imre Wolfstein. Loup-garou revenu à la vie, celui-ci sème à nouveau la terreur dans la région. Participant à une battue pour occire la bête, le comte Waldemar Daninsky (Paul Naschy) se fait mordre, et devient loup-garou à son tour. Pour contrer cette malédiction, il demande l’aide du professeur Mikhelov et de sa femme, réputés pour être des spécialistes de la lycanthropie. Mais ces derniers sont en réalité des vampires qui veulent utiliser Daninsky.
Avant toute chose, le titre débile trompe le chaland puisqu’il n’est nullement question de Dracula mais de loups-garous et de vampires. Le catcheur patibulaire Paul Naschy revient en lycanthrope torturé qui supporte mal les transformations (un peu comme David Banner lassé de se réveiller en calebute entre deux poubelles). On ne le serait pas moins. “Je suis maauudit”, clame t-il toutes les cinq minutes. Le comte Waldemar Daninsky désespère de trouver une solution à ses problèmes quand un couple aux regards émaciés (émaciés et douteux vont de pair) apparaît devant la grille du château.
Si vous mettez de coté l’histoire fumeuse et les effets spéciaux un poil gâtés par les ans, il y a de quoi passer les 90 minutes sans casse ; les décors chiadés et la photo colorée flattent la rétine et font, Ô miracle, passer les dialogues indigents pour du Shakespeare.
Au cas où Waldemar Daninsky vous obsède, sachez qu’il existe pas moins d’une douzaine d’autres films portant sa griffe.
Quelques séquences croquignolesques à savourer ; les mutations de Paul Naschy que l’on croirait victime d’une fâcheuse gastro et les virevoltages de cape du professeur Mikhelov. –Mouahahahaha …
La Mariée sanglante réalisé par Vicente Aranda avec Maribel Martin, Simon Andreu, Alexandra Bastedo…
Venant d’épouser un jeune aristocrate, Susan vient vivre dans le manoir familial. De nature très prude, elle est peu à peu la proie d’horribles cauchemars, mêlant violence et volupté. Ses peurs sont décuplées quand elle apprend l’histoire tragique de Carmilla, une ancêtre de la famille, ayant trucidé son mari à coups de poignard. Un jour, son mari découvre une jeune femme enterrée sur la plage. Cette dernière, qui dit s’appeler Carmilla, étend son pouvoir et son emprise sur Susan…
Mon coup de cœur. Un mari phallocrate impatient de consommer sa jeune épouse la jette dans les bras de la vénéneuse Carmilla. S’ensuit un jeu de faux-semblants sur la domination et le pouvoir. La Mariée sanglante s’apprécie comme un acte politique, ni plus ni moins que la place de la femme dans l’Espagne franquiste.
Recommandé.
Un chef-d’œuvre du gothique
Les Amants d’outre-tombe réalisé par Mario Caiano avec Barbara Steele, Paul Muller, Helga Liné…
Angleterre, 1870. Le docteur Arrowsmith (Paul Muller), au profit de ses expériences, délaisse sa femme, Muriel (Barbara Steele), qui se réfugie dans les bras du jardinier. Surpris en flagrant délit d’adultère, le mari les torture et les tue. Apprenant que Muriel a légué toute sa fortune à sa sœur, Jenny, qui lui ressemble étrangement, le docteur l’épouse. Son but inavouable est de la rendre folle, afin de récupérer son argent. Mais Jenny semble communiquer avec l’esprit vengeur de sa sœur…
Annonce « Relais et Châteaux ». Idéal pour les vacances de la Toussaint.
C’est dans une demeure sur 4 étages avec 3 salons indépendants, 1 bibliothèque et 4 chambres toutes équipées d’une salle de bains et d’un cabinet de toilette, que les propriétaires, affectés par les émotions et un sens aigu de la schizophrénie, vous accueilleront à partir de 11h30.
Les longs corridors abritent les esprits torturés d’anciens membres de la famille. Les lourdes portes grincent et les volets imposants claquent au vent. Tapis et tentures recouvrent les giclées de sang. Frissons garantis.
Le jardin réserve un parcours sensoriel accessible à toute la famille autour d’une sélection de plantes urticantes. Possibilité de survie si vous prévenez 48 heures à l’avance.
Pensez à réserver cette merveilleuse galette agrémentée d’un livret très documenté réalisé par Alain Petit.
Photo en noir et blanc somptueuse. Barbara Steele au sommet de son art. Un classique du gothique transalpin.
Cycle SF planète Vintage
La Planète des hommes perdus réalisé par Antonio Margheriti avec Claude Rains, Bill Carter, Umberto Orsini…
Une météorite s’approche dangereusement de la Terre. Malgré les calculs du professeur Benson (Claude Rains), qui estime qu’elle va passer son chemin, les autorités militaires envoient des fusées de reconnaissance. Alors que la météorite se place en orbite et déclenche une série de catastrophes, une armada de soucoupes volantes se dirige vers la Terre…
Dans ce genre de production modeste, le charme agit en deux temps trois mouvements. C’est l’effet « impulse ». Non pas qu’il faille louer La Planète des hommes perdus comme l’ultime chef-d’œuvre de la science-fiction mais comme le résultat d’artisans passionnés rompus au système D qui, avec deux tuyaux de poêle et l’équipement d’un tracteur Massey Ferguson, vous font croire au voyage intergalactique.
L’histoire repose sur la confrontation entre les militaires et les hommes de science pour qui l’espace n’est pas le même terrain de jeu. Les intérêts entre les deux parties diffèrent à tel point que les ruptures de rythme dépendent des changements d’humeur des principaux protagonistes. La Planète des hommes perdus ne manque pas de psychologie. D’ailleurs, l’illustre Claude Rains (L’Homme invisible, Le Fantôme de l’opéra, Casablanca, Les Enchaînés) joue le savant fou avec un aplomb qui frise la psychose. Quel bonheur d’expérimenter la SF de 1961 !
La Planète des vampires réalisé par Mario Bava avec Barry Sullivan, Norma Bengell, Angel Aranda…
En mission dans l’espace, les vaisseaux Argos et Galliot reçoivent des signaux de la planète Aura. Une force mystérieuse les oblige alors à y atterrir. Alors que certains membres de l’équipage sombrent dans la folie, d’autres sont retrouvés massacrés. Le capitaine Markary découvre que Aura est habitée par d’étranges entités extraterrestres, prêtes à tout pour fuir leur planète maudite…
La Planète des vampires, réalisé par le génial Mario Bava (Les Vampires, Le Masque du démon, Le Corps et le fouet…) vous rappellera par de très nombreux aspects Alien, le huitième passager. Dans les bonus, Alain Petit laisse penser que Ridley Scott n’a pas vu le film mais il n’est pas sûr que Dan O’Bannon, scénariste culte, ne se soit pas inspiré de La Planète des vampires pour goupiller sa célèbre saga.
Les fans d’Alien adoreront puisque nous retrouvons ici une mécanique dramatique identique. Je ne vous dévoile pas les similarités. La splendide photographie ajoute un supplément de magie.
La Planète des tempêtes réalisé par Pavel Klushantsev avec Vladimir Yemelyanov, Georgi Zhzhyonov, Gennadi Vernov…
Trois vaisseaux spatiaux quittent la Russie à destination de Vénus. A l’approche de la planète, un vaisseau est détruit, un autre reste en orbite, et le dernier parvient à se poser. Les cosmonautes, parmi lesquels un Américain et son robot «John», partent explorer la planète. Alors qu’ils rencontrent d’étranges et inquiétantes créatures, un volcan entre en éruption…
Un space opéra à la gloire de l’industrie spatiale soviétique, croyez-moi, détonne des productions habituelles. En 1962, année de la sortie de La Planète des tempêtes sur les écrans socialistes, l’URSS mène la course aux étoiles devant les Etats-Unis avec la mise en orbite quelques mois plus tôt du cosmonaute Youri Gagarine.
La Planète des tempêtes, film hybride par excellence, emprunte un grand nombre d’éléments au cinéma de science-fiction américain (le robot devrait vous rappeler celui de La Planète interdite). Pas sûr, comme le raconte Alain Petit, que les autorités russes aient apprécié les références à la culture de l’Oncle Sam.
Le film surprend par son ton mélancolique où l’espace et les terres inconnues semblent intoxiquer les protagonistes. On pense à Solaris (Andreï Tarkovski) dont les héros conquérants de l’espace travaillent du chapeau.
Le vintage russe possède un charme indéniable.
Pour en finir : les Cine-Fumetti…
Les Cine-Fumetti dégagent une ambiance « Plop Bop Wiiizzz ». Réjouissons-nous car Artus films édite trois nouvelles œuvres ultra-pop. Qu’est-ce que le pop ? Des gadgets, des belles pépées et des collants.
Superargo contre Diabolikus réalisé par Nick Nostro avec Ken Wood, Loredana Nusciak, Gérard Tichy…
Lors d’un combat, le catcheur Superargo tue accidentellement son ami, le Tigre. Décidé à se retirer du ring, il est appelé par le colonel Kinski pour une dangereuse mission. En effet, une bande de pirates dirigée par le malfaisant Diabolikus sévit dans les mers des Caraïbes, voulant collecter de l’uranium, dans le but de dominer le monde. Vêtu de son costume rouge et noir, et emportant ses nombreux gadgets, Superargo accepte la mission et vole à la recherche de Diabolikus.
Kriminal réalisé par Umberto Lenzi avec Glenn Saxson, Helga Liné, Andrea Bosic…
Alors qu’il devait être pendu à cause de ses nombreux méfaits dont, le plus gros, le vol de la couronne d’Angleterre, Kriminal parvient à s’évader. C’est en fait l’inspecteur Milton qui a organisé l’évasion, dans le but de remettre la main sur le joyau. Le génie du crime se rend compte de la supercherie, se volatilise, et organise un plan pour dérober un lot de diamants. Sans le savoir, le criminel au costume de squelette va se trouver face à son coup le plus fameux.
Le Retour de Kriminal réalisé par Fernando Cerchio avec Glenn Saxson, Helga Liné, Andrea Bosic…
S’étant échappé de prison, Kriminal, sous une fausse identité, dirige une maison de repos pour personnes âgées. Avec l’aide de sa complice, il fait disparaître les pensionnaires pour contracter leurs primes d’assurance vie. En brisant accidentellement une statuette, il découvre des parchemins pouvant le mener à des tableaux de maîtres de grande valeur. Kriminal part à l’aventure, mais l’inspecteur Milton se lance à sa poursuite.