Depuis deux ans, nous revenons en Terre du Milieu. Pour ce troisième épisode, après un Voyage inattendu bavard et une Désolation de Smaug désolante, Peter Jackson enterre sa nouvelle trilogie avec une bataille épique (et colegram) dantesque et copieusement ennuyeuse. Là où il avait clos Le Seigneur des anneaux en majesté avec un Retour du roi qui faisait la part belle à l’action, certes, mais aussi à l’émotion, pour cette Bataille des cinq armées, Peter Jackson décide de fracasser ses jouets les uns contre les autres, comme s’il voulait qu’on ne l’y reprenne plus. Comme s’il voulait décevoir tout le monde afin qu’on ne lui demande plus jamais d’adapter Tolkien (ça tombe bien, ses héritiers ne le veulent plus). Pour ce faire, il commence le film là où il avait laissé le précédent, avec le dragon Smaug qui s’en va faire éclater sa fureur sur les hommes. Smaug étant présenté comme LE méchant de la saga, on allait voir ce qu’on allait voir ! Une flèche plus tard, au bout de cinq minutes ou presque, Smaug disparaît. Bon. On se dit alors que Sauron étant un peu de retour, il allait prendre le pas sur le dragon occis. Que nenni ! Le voici renvoyé dans ses pénates aussi sec par une super-Galadriel qui porte Gandalf à bout de bras dans tous les sens du terme. Les deux heures suivantes ne seront plus que batailles. Sans dialogues ou si peu. Sans enjeu ou presque. Mais avec des cris, des armes qui s’entrechoquent, des effets spéciaux parfois mal fichus, des cascades involontairement drôles, du troll géant, du ver de terre acariâtre et des chauves-souris géantes. Nains, Elfes, Hommes, Orques et Animaux se mettent sur la gueule, sans trop verser de sang pour autant (nous sommes dans un film de Noël tout de même). De temps en temps, Bilbon intervient (il est quand même censé être le héros de l’histoire) pour faire une petite facétie dont il a le secret, mais comme tout le monde, il attend que tout ce boucan se termine. Jackson essaie bien par moment de nous faire tirer une larme, mais il sent lui-même que c’est impossible. Alors, on se console comme on peut : avec les paysages toujours subjuguants de la Nouvelle-Zélande, avec ces personnages qu’on aurait voulu aimer davantage, avec ces références à la trilogie suivante. Le réalisateur avait justifié ce troisième épisode en assurant qu’il allait joindre les deux trilogies entre elles, hélas, il ne respecte même pas cette promesse alléchante. Il y a si peu à retenir de ce Hobbit quand il y avait un trop plein dans Le Seigneur des anneaux. Les deux trilogies combinées font ensemble une juste Terre du Milieu…
Le Hobbit : la bataille des cinq armées de Peter Jackson, avec Martin Freeman, Ian McKellen, Orlando Bloom, Evangeline Lilly, Luke Evans, Richard Armitage… Nouvelle-Zélande, Etats-Unis, 2014. Sortie le 17 décembre 2014.