Aujourd’hui débute le 22e Festival du film fantastique de Gérardmer. La rédaction de Grand Écart couvre l’événement jusqu’à sa clôture et propose également chaque jour un retour sur l’un des films de la sélection 1995, il y a dix ans. Avant que les choses sérieuses commencent, nous avons sélectionné six films qui emplissent notre cœur de promesses horrifiques.
Ex_Machina, d’Alex Garland
Caleb est programmateur dans une importante société informatique. Il remporte un concours lui permettant de passer une semaine dans la propriété isolée de son PDG, et y découvre une intelligence artificielle plus vraie que nature.
Le thème du dieu qui sort de la machine n’est pas nouveau, et a déjà été traité avec succès par le passé à Gérardmer (Eva, de Kike Maillo), avant de l’être doublement cette année avec ce Ex_Machina et The Signal, également en compétition. Si The Signal ne nous inspire rien de bon, Ex_Machina retient l’attention par le biais de son metteur en scène, Alex Garland, avant tout auteur et scénariste de Danny Boyle. On lui doit notamment d’avoir écrit La Plage, 28 jours plus tard et Sunshine. Si Garland soigne le récit, le rythme et les personnages comme il a eu l’habitude de le faire, ce Ex_Machina projeté ce soir en ouverture du Festival devrait faire mouche.
What we Do in the Shadows, de Taika Waititi et Jemaine Clement
Deacon a 183 ans, Viago 379, Vladislav 862 et Peter a 8000 ans. Ces quatre vampires partagent un appartement à Wellington en Nouvelle-Zélande, mais leur « particularité » ne les aide pas à renforcer leurs liens sociaux.
Comme l’a précisé Woody Allen : « L’éternité c’est long, surtout vers la fin. » Lorsqu’on est condamné à ne jamais mourir, comment passer le temps, comment épouser un monde qui évolue de plus en plus vite ? Ce sont les questions existentielles posées par cette comédie horrifique dont la bande-annonce laisse présager le meilleur.
It Follows, de David Robert Mitchell
Après avoir couché avec un garçon, Jay est confrontée à d’étranges visions et a l’impression d’être suivie par quelque chose. Avec ses amis, elle va tenter de trouver une explication… et une solution.
It Follows, déjà projeté à Cannes et Deauville, est une grosse claque : visuelle, sonore, scénaristique. Un film d’horreur qui ne perd pas sa raison d’être : constituer une métaphore d’une société qui va de travers. It Follows est un teenage movie qui balaie ce que vous avez déjà vus, dans lequel les parents n’apparaissent pas, ou alors tels une ombre fantomatique à la moralité étriquée. D’ores et déjà un sérieux prétendant au palmarès.
Jupiter – Le Destin de l’univers, d’Andy et Lana Wachowski
Jupiter Jones gagne sa vie en nettoyant les toilettes. Lorsque Caine, un ancien chasseur militaire conçu génétiquement, atterrit sur Terre et se lance à sa recherche, Jupiter entrevoit enfin la chance de connaître un destin hors du commun.
Les films des Wachowski sont volontiers manichéens : de la trilogie Matrix à ce Jupiter en passant par Cloud Atlas, ce n’est rien de moins que l’avenir de l’humanité qui se joue. De la philosophie de bazar, pour certains – mais toujours, un savoir-faire esthétique et une maîtrise scénaristique impressionnante, quoi qu’on en dise. Depuis Cloud Atlas, fresque épique de science-fiction ambitieuse et géniale, pas en avant dans une avant-garde de fantasy, on attend avec impatience que les frère et sœur remettent ça : c’est chose faite, en hors compétition de ce 22e Festival du film fantastique.
Ouija, de Stiles White
Après avoir réveillé les forces obscures d’une antique planche de jeu de spiritisme, un groupe d’amis se voient confrontés à leurs peurs les plus terribles…
Un pitch qui tient en une phrase et ne fait même pas l’effort d’éviter la formule consacrée « confrontés à leurs peurs les plus terribles », un ressort horrifique qui tient du lieu commun, un groupe d’ados écervelés, un réalisateur quasi inconnu, une production Michael Bay : dans Ouija, tout semble voué à l’échec. Reste que le ouija rappelle bien des souvenirs aux adultes qui furent férus d’ésotérisme et de spiritisme à une lointaine époque, et qu’un film qui consacre l’objet mérite d’être vu. Au moins pour rire.
Réalité, de Quentin Dupieux
Jason, caméraman, rêve de réaliser un film d’horreur. Un producteur lui propose de financer son film à une condition : trouver le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma.
Le metteur en scène de l’absurde magnifié est de retour avec ce long-métrage au point de départ génial, qui n’est pas sans rappeler Berberian Sound Studio de Peter Strickland, présenté à Gérardmer il y a deux ans et auréolé du prix de la Critique. L’auteur des déjantés Rubber et Wrong Cops offre à Alain Chabat, l’interprète de Jason, un rôle tragicomique à sa juste mesure. Avec aussi, pour l’épauler, Jonathan Lambert et Elodie Bouchez.