Amour vache
L’Islande est surtout connue pour ses aurores boréales. Ou alors pour sa musique, dignement représentée par Björk, aussi actrice à ses heures, et le magique groupe de post-rock Sigur Ros. Aussi, on ne boude pas notre plaisir lorsqu’il nous est donné l’opportunité d’apprécier un peu de son cinéma qui, comme la musique de Sigur Ros, invite à plonger dans les immensités sauvages de la Terre de Glace. Béliers, c’est le récit de deux frères éleveurs de moutons, vivant côte à côte sans jamais se parler suite à une brouille vieille de quarante ans. Une histoire simple et taiseuse, qui en dit paradoxalement long sur les relations non seulement fraternelles, mais aussi celles qui régissent une communauté isolée pendant ces longs mois d’hiver austral. Grimur Hakonarson dépeint avec bienveillance et humour le quotidien de ces fermiers qui ont appris à chérir davantage la compagnie des béliers que celle des hommes, leur empruntant au passage quelques caractéristiques, dont celle de se rentrer dedans à la première occasion. A l’écran transparaît la passion du cinéaste pour son pays, pour ses personnages et même pour ses troupeaux de béliers islandais – qui en imposent, il faut le reconnaître. Et avant qu’on puisse penser l’exercice joli mais inconséquent, Hakonarson conclut son film de manière remarquable, lui donnant tout son sens dans les quelques dernières minutes, lumineuses, et révélant une foi inébranlable en l’homme.
Béliers (Hrútar) de Grimur Hakonarson, avec Sigurdur Sigurjosson, Theodor Juliusson, Charlotte Boving… Islande, Danemark, 2015. Grand Prix Un Certain Regard au 68e Festival de Cannes.