Hier, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps en regardant Amour de Michael Haneke, vrai film romantique qui n’a rien d’une comédie. Sacré Michael ! Il n’a pas son pareil pour vous remuer les tripes avec une férocité badine et vous laisser pantelant comme après une douche au karcher. C’est à Cannes que je me suis frottée à son cinéma pour la première fois avec Funny Games, vrai film ludique qui n’a rien de drôle. Il devait être 17 heures. La salle était comble. On aurait entendu une mouche voler… Puis ce sont les sièges qui ont claqué, annonçant un exode massif de spectateurs après la mort d’un chien que certains n’ont pas supportée. Puis, plus rien. Ceux qui avaient survécu au toutou sont restés collés, bouche bée, sur leur fauteuil. Je sentais le malaise monter. J’essayais de cacher mon trouble. J’étais encore – un peu – jeune et je craignais de montrer mes émotions à mon voisin. Au moment où j’ai cru étouffer d’angoisse, il a murmuré, avec un bel accent marseillais devenu grelottant : « Je ne me sens pas très bien. » Moi non plus. Après, j’ai rencontré Michael Haneke, qui m’a dit chercher à dégoûter les spectateurs du cinéma d’horreur. Je lui ai répondu que Funny Games était raté, puisque je le considérais comme l’un des meilleurs films d’horreur que j’ai jamais vus. Il m’a traitée de « grande malade » avec son délicieux accent autrichien. Il plaisantait. Michael est très drôle même si ses films ne le sont pas. Funny Games a été le dernier film à me donner des cauchemars. J’ai vu les types aux gants blancs sonner à la porte de mon pavillon de banlieue. Je ne pensais pas que Michael Haneke pourrait me secouer encore davantage. Il l’a fait hier, avec Amour. Peut-être parce que le cauchemar qu’il y décrit, vieillesse et dépendances, est proche de mon passé mais aussi d’un futur qui me terrifie.
Souvenir de Cannes #2 : Rire avec Haneke
Classé dans : Billets d'humeur du 65e Festival de Cannes
– 22 mai 2012
ben voilà je vais encore te pourrir avec mes commentaires, amour m’a simplement extraordinairement ennuyé. La souffrance trés bien interprété, le sadisme encore une fois, géométriquement mis en place, tout ça n’arrive pas à un centimètre de bergman, qui posé avant tout une question métaphysique d’une puissance autrement plus troublante (en créant une mythologie, un message à destination de Dieu), Hanneke lui regarde ses horreurs avec la conscience d’un gynécologue qui a fait sortir un étron, faussement objectif, et totalement… prévisible. Le sujet à peine réhaussé vaut bien tout ce fatras, vieillir c’est moche, mourir c’est atroce, alzheimer quelle horreur, on va tous finir comme ça…ben non moi ce sera pire, pas d’appartement bourgeois pas de femme, et pas de fille, je te dis pas même Hanneke il en voudra pas de mon agoni
“ben non moi ce sera pire, pas d’appartement bourgeois pas de femme, et pas de fille, je te dis pas même Hanneke il en voudra pas de mon agoni”
Oui, j’ai eu un peu le même sentiment en voyant le film, puis je me suis dit qu’Haneke voulait peut-être (probablement ?) montrer la difficulté de vieillir, même chez les riches à qui tout sourit – sous-entendu : chez les plus pauvres, soit 90% de la population, ça doit être bien plus tragique encore.
Cette hypothèse m’a rendu le film plus sympathique (mmh, façon de parler). Du reste, je place Haneke pas loin de Bergman en termes de génie…
C’est vrai que le film aurait été plus poignant s’ils avaient été pauvres et avaient eu des ongles incarnés. Ma mère et ma grand-mère ne souffraient d’aucune de ses deux afflictions ce qui a rendu leur agonie tout à fait guillerette. J’ai, pour ma part essayé de pré-vendre la mienne à Michael Haneke , il n’en a pas voulu au motif qu’il avait déjà fait un film sur ce sujet et qu’il allait probablement mourir avant moi. Salaud.