Ernest & Célestine est un standard de la littérature jeunesse, et il serait bon que son adaptation devienne un standard du cinéma jeunesse, tant le film est beau et intelligent à la fois. Plutôt que d’adapter les livres, Daniel Pennac, qui signe le scénario, livre une sorte de prequel et conte la rencontre entre Ernest et Célestine. L’auteur de la série Kamo et de Cabot-Caboche n’en est pas à son coup d’essai pour parler aux enfants, à leur hauteur, de questions essentielles. Ernest, l’ours, est un prédateur un peu flemmard mais surtout poète, qui évolue dans un monde de l’efficacité. Ses parents voulaient faire de lui un juge. Ses ennemis tiennent une boutique de bonbons sucrés et une de dents, parce qu’ils ont le sens, cynique, des affaires. Célestine, elle, n’a pas peur du Grand Méchant Ours des contes pour petite souris, ne comprend pas pourquoi une souris et un ours ne pourraient pas être amis, et préférerait dessiner plutôt que de récolter les dents de lait sur les oreillers. Chacun est marginal dans sa communauté, deux mondes qui cohabitent mais s’évitent. La peur y règne en maître, une peur que les deux personnages ont dépassée pour fonder une solide amitié. Le choix entre la peur et la fraternité, oui, ça nous rappelle quelque chose. Pour illustrer cette histoire, Benjamin Renner, accompagné des créateurs de Panique au village Vincent Patar et Stéphane Aubier, fait preuve d’une finesse rare, autant dans son trait que dans son humour. Les clins d’œil et trouvailles fourmillent, la beauté de l’aquarelle saisit. Ernest & Célestine est un dessin animé, au sens littéral. Une succession de tableaux, où se mêlent rires francs et saine émotion.
Ernest & Célestine de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier, avec les voix de Lambert Wilson et Pauline Brunner. France, 2012. Mention spéciale de la SACD à la Quinzaine des réalisateurs 2012. Sortie le 12 décembre 2012.
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Pour ce dessin animé ludique, drôle et touchant, le compositeur Vincent Courtois est parvenu à livrer une partition enlevée et mélodique, pouvant s’écouter seule comme un disque de jazz tout en caractérisant les personnages et illustrant l’action. (…)