Suite à une succession d’étranges phénomènes naturels, Budori le chat doit quitter sa forêt pour retrouver Neri, sa petite sœur mystérieusement disparue.
Les animés se suivent et ne se ressemblent pas mais pourtant il arrive qu’il rentrent en résonance. Les enfants de L’Ile de Giovanni rêvent d’un monde idéal, quand prisonniers des camps soviétiques ils murmurent les mots de Train de nuit dans la Voie lactée du poète maudit japonais Kenji Miyazawa. Budori, l’étrange voyage est l’adaptation d’un conte du même auteur, célébré par les enfants du Soleil Levant à partir du milieu du XXe siècle car, c’est bien connu, les poètes gagnent à être reconnus une fois qu’ils sont six pieds sous terre.
Budori habite une chaumière au cœur de la forêt où avec ses parents et sa petite sœur Neri il travaille la terre et se nourrit de ce que Mère Nature met à leur disposition. Budori s’initie aux usages des saisons en compagnie de son papa. L’apprentissage du temps aiguise les sensibilités.
Quand une terrible famine accable sa région, Budori se retrouve seul et abandonné et n’a pas d’autre choix que quitter sa forêt chérie. Commence une longue expérimentation parfois douloureuse des rouages sociétaux à travers l’expérience du travail collectif et des actions individuelles.
Le conte de Kenji Miyazawa ne fait pas dans la demi-mesure lorsqu’il dénonce les dysfonctionnements des secteurs agricoles et industriels. Budori, l’enfant de la Nature devenu un instrument de la première révolution industrielle, s’épanouit désormais dans la recherche scientifique, loin, très loin des gestes séculaires du semeur. Budori cultive un tout autre jardin.
L’animé tente de nous expliquer le bouleversement du territoire japonais entre dynamiques rurales traditionnelles en pleine mutation et environnement urbain en plein essor. Budori raconte l’avènement d’un monde nouveau, notre monde, mais surtout appelle à la conciliation et à la symbiose. Avant l’heure, Kenji Miyazawa évoque les enjeux de la complexité.
Il n’est pas évident de saisir toutes les intentions et les réflexions de l’auteur quand nous avons pour simple interlocuteur le chat Budori. Il est difficile, voire impossible, de comparer les points de vue car les autres personnages sont relégués à des rôles trop secondaires.
Sur la forme, Budori mélange les genres ; crayonnés à la Ghibli, images de synthèse et look steampunk sauce Professeur Layton. L’ensemble est surprenant mais assez coordonné pour ne pas être rejeté en bloc.
Les ventres mous et autres longueurs n’estompent pas les messages humanistes qui nous sont adressés et adressés aux générations futures. Toutefois, Budori manque parfois de clarté, saute du coq à l’âne et les nombreuses ellipses gâchent l’énergique discours politico-militant.
Qui aime bien châtie bien ! Budori n’est pas exempt de défauts mais un animé qui diffuse aux jeunes publics autant de belles valeurs, autant de messages sur la préservation du monde, il serait injuste de le bouder.
Budori, l’étrange voyage de Gisaburo Sujii. Japon, 2012. Sortie le 27 août 2014.