Camille redouble, de Noémie Lvovsky

 

Camille redouble, de Noémie LvovskyOn pensait avoir fait le tour des voyages dans le temps, avec possibilité de rupture du continuum espace-temps, et des adultes dans des corps d’ado ou l’inverse, avec joie d’une jeunesse retrouvée ou excitation des responsabilités enfin confiées. Il n’en était rien. Parce que Noémie Lvovsky qui retrouve ses 16 ans, ce n’est rien de tout ça. On a rarement vu autant de douceur et de délicatesse dans ces films. Camille, 40 ans, actrice intermittente qui n’a pas son compte d’heures, divorce et picole depuis la mort de sa mère. Camille, 16 ans, redevenue lycéenne, rencontre l’homme qui vient de la quitter et retrouve sa mère, quelques semaines avant sa mort.

L’actrice, le personnage, la réalisatrice se confondent dans l’œil et le sourire de Noémie Lvovsky, à la fois amusée et incrédule. Elle redécouvre ses fringues estampillées 1985, sa chambre d’ado, ses copines avec ironie et distance, mais sans une once de nostalgie crasseuse. Et elle retrouve ses parents, leurs voix, leurs ratatouille. Avec infinie tendresse, Camille-Noémie regarde Yolande Moreau. Cheveux courts, blancs. On a nous aussi l’impression de la voir pour la première fois, tout en la connaissant si bien. Camille les fixe, enregistre leurs voix, chante Barbara. C’est tout simplement beau.

Et puis, comme dans Eternal Sunshine of the Spotless Mind, elle revoit son ex comme au premier jour. Elle est séduite à nouveau. Lutte contre cette attirance évidente et inéluctable, poussée par l’envie d’autre chose. Une lutte perdue d’avance, et ça aussi c’est beau. Noémie Lvovsky aime ses personnages, et le regard qu’elle porte sur chacun d’entre eux est empreint d’une émotion rare. Et partagée.

 
Camille redouble de et avec Noémie Lvovsky, avec aussi Samir Guesmi, Yolande Moreau, Michel Vuillermoz, Denis Podalydès… France, 2011. Prix SACD de la Quinzaine des réalisateurs 2012. Sortie le 17 octobre 2012.

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