Rendez-vous au Cinema Monster Club

 

L’âge d’or de la maison Universal

Cinema Monster ClubLa société Elephant Films sait recevoir quand elle invite à sa table vampires, loups-garous et autres monstres à poil dur. Coup sur coup, la voilà qui propose deux salves de longs-métrages consacrés à deux créatures légendaires, Dracula et Frankenstein, et à leurs progénitures (on ne peut pas toujours laisser les mômes chez papy et mamie). Le premier sait se tenir en société, quand le second, mal dégrossi, sent un peu des pieds.
Si vous pensez tenir là un énième chapelet de daubes fantastiques qui aurait mieux fait de pourrir au fond d’un coffre-fort à Hollywood, eh bien chers lecteurs et chères lectrices, détrompez-vous ! Ces merveilles du genre qui ont fait l’âge d’or de la maison Universal n’hésitent pas à sortir des sentiers battus pour explorer les terrains de la romance, de la comédie et même du film noir. On le sait depuis fort longtemps, Dracula et Frankenstein inspirent les auteurs exigeants comme les grandes fabriques de pop-corn.
Je vous le dis sans ambages, nous avons affaire à la crème du cinéma fantastique et d’horreur.
Au menu : Bela Lugosi, Boris Karloff, David Carradine, Lon Chaney Jr, Abbott et Costello, Glenn Strange… Que des gueules d’amour !
Le savoir-faire de la maison Universal est l’assurance de soirées réussies. Signé : le Concombre Masqué.

Club Dracula

Cinema Monster ClubLa Fille de Dracula (1936) peut sans doute s’apprécier comme l’opus le plus intéressant du cycle parce qu’il est sensuel et dérangeant, profond et troublant. Dracula a été tué par Van Helsing. Ladite fille de Dracula, la comtesse Marya Zaleska, enlève le corps de celui qui l’a condamnée à vivre en paria pour le brûler et rompre ainsi la malédiction. Elle désire échapper à sa condition mais rien n’y fait. La belle devenue la bête, souffre le martyr. La Fille de Dracula raconte le combat d’une femme contre ses démons mais qui, la mort dans l’âme, se résout au désespoir.
Le Fils de Dracula (1943). Une histoire de faux-semblants et de mensonges au cœur de La Nouvelle-Orléans, capitale des esprits dérangés. Avec Robert Siodmak aux manettes, son frangin Curt au scénario et Lon Chaney Jr en vampire. Anne Rice, herself, aurait apprécié l’intrigue tordue.
La Maison de Dracula (1945) abrite sous son toit la distribution du cirque Barnum ! Dracula, Frankenstein et une horde de loups-garous. Le film vaut surtout pour le génial David Carradine qui endosse le rôle du comte Tepes et son réalisateur, Erle C. Kenton qui, 12 ans plus tôt, réalisait L’île du docteur Moreau adapté du best-seller de H. G. Wells. En fait, le titre est mensonger. Ce n’est pas de la maison de Dracula dont il est question mais de la demeure du docteur Edelman. Ce professeur Foldingue reçoit chez lui des monstres qui masquent avec difficulté leur mal de vivre. Dans la troupe, y’a pas de jamb’ de bois, mais il se cache un vil menteur. Un chouette divertissement que ce crossover plein d’affreux jojos.

Club Frankenstein

Cinema Monster ClubFrankenstein et La Fiancée de Frankenstein servent depuis leur sortie (1931 et 1935) de maître étalon aux génies du cinéma. On ne sait pas d’où vient cette magie mais elle transpire à chaque plan. Les suites réservent des moments de grâce même si elles n’atteignent jamais la puissance des deux premiers longs-métrages.
Le Fils de Frankenstein (1939) s’apprécie comme une suite, tout du moins sur le papier. On y retrouve les éléments essentiels qui donnent vie aux précédents opus. Le Docteur F, la créature, le bourgmestre inquiet pour la réputation de sa ville, les gitans grimés en corbeau de tempête, sans oublier le forgeron Ygor. L’alchimie fonctionne, certes, mais comme pour Le Fils de Dracula, le scénario roublard ne convainc pas vraiment. Ce retour sur les lieux du mal, quelque peu prévisible, gâche les effets de surprise. Reste la fibre nostalgique qui vivre dans nos petits cœurs d’artichauts.
Avec Le Spectre de Frankenstein (1942), une page se tourne. Subsiste le soin apporté aux cadres et à la lumière mais la réduction de budget rajoute de la ficelle aux bouts de ficelle. On sent un désintérêt du studio et le public commence à lâcher l’affaire. Pourtant, le film recèle de beaux moments pleins de tendresse notamment entre la créature et une petite fille. Lon Chaney Jr (la créature) et Bela Lugosi (Ygor) en font des caisses. Un pur plaisir coupable.
Frankenstein rencontre le loup-garou (1943). La créature rencontre le loup-garou. Voilà, c’est dit. J’espère ne pas vous avoir pris par surprise.
La Maison de Frankenstein (1944), comme La Maison de Dracula, est l’un de ces crossover bien bonnards où se croisent aux détours de scènes croquignolesques les vieilles canailles du cinéma d’horreur. Tout le monde a répondu au rendez-vous : Lon Chaney Jr, John Carradine, Boris Karloff. Attention ! Ygor s’appelle Daniel et ce n’est plus Bela Lugosi. Faut suivre.
Deux nigauds contre Frankenstein (1948). Une comédie d’horreur réussie où le duo comique Abbott et Costello tient la dragée haute aux vieux briscards susnommés. On pourrait craindre que les deux gus anéantissent le mythe ou le tournent en ridicule. Il n’en est rien. La série retrouve une fraîcheur perdue, un goût d’authentique. Très chouette dernier film.
Vivement la version de Guillermo Del Toro.

Tous les films sont disponibles en DVD et combo blu-ray/DVD chez Elephant films.