2041. Alex, ingénieur en robotique revient après dix ans d’absence sur son ancien campus. Il doit reprendre un chantier abandonné : la création du premier robot libre, un enfant androïde. L’occasion de reprendre contact avec Lana, son amour de jeunesse, et David, son frère, mais aussi de faire la connaissance d’Eva, leur fille. Une gamine pétulante qu’il souhaite prendre comme modèle pour la personnalité de son robot.
Pour son premier long-métrage, présenté en compétition à Gérardmer, le réalisateur espagnol Kike Maillo invente un futur sobrement robotisé, préférant quelques trouvailles visuelles poétiques aux artifices tape-à-l’œil. Dans ce futur-là, on fait du neuf avec du vieux, le tout s’inscrivant dans un décor où la nature organique respire à chaque plan (forêt, neige, sommets glacés tournés en Suisse, ville du Locle qui pour la petite histoire est jumelée avec Gérardmer). Un parti pris qui laisse la part belle aux émotions. Lors de son speech de présentation, le réalisateur a demandé au public de penser très fort, pendant qu’il regarderait Eva, à l’émotion ressentie face à l’image du vélo qui s’envole devant la lune dans E.T.
La comparaison est en effet bien vue, car Eva touche au merveilleux, soigne son esthétique. Quand les rouages de l’intelligence artificielle ressemblent à des cristaux aux reflets d’or s’imbriquant les uns dans les autres, la science devient magie et poésie. Bien plus qu’un A.I. par exemple. Ce conte cybernétique s’attache surtout à comprendre la complexité humaine et sa résonance dans la création d’androïde. Là aussi, le film déborde d’inventions subtiles : niveau d’émotion des machines ou concept de robots libres… Maillo, épaulé par des comédiens excellents (la jeune Claudia Vega en tête), s’attèle à décrypter les relations entre les êtres, le contrôle des émotions, l’éveil des sens…
Un long-métrage au charme fou qui, en interrogeant la possibilité d’offrir une âme à la machine, questionne la création même d’un film et plus largement celle de l’œuvre d’art.
Eva de Kike Maillo, avec Daniel Brühl, Claudia Vega… Espagne, 2011. Prix du public au 19e Festival de Gérardmer. Sortie le 21 mars 2012.
Merci à vous pour ces articles en léger différé, et pour la retranscription de l’ambiance qui nous a bien foutue le bourdon!