Hard Day, de Kim Seong-hun

 

Hard Day, de Kim Seong-hunIl est des journées plus difficiles que d’autres. Pour le policier (un peu) ripou Geon-soo, il y a l’enterrement de sa mère, sa sœur qui le presse pour ouvrir une sandwicherie et ses collègues qui l’interpellent au moment où la police des polices locale (beaucoup) ripou dénoue leurs petites filouteries. Le tout en même temps. Et comme si ça ne suffisait pas, il écrase un homme qui s’est mystérieusement jeté sous ses roues. Et Geon-soo de s’enfoncer toujours un peu plus dans les difficultés qui s’accumulent, en décidant de placer le corps dans son coffre, afin de le cacher dans le cercueil de sa mère, ni vu, ni connu. Ce ne sont que les prémices de ses ennuis, avec l’arrivée d’un superflic (énormément) ripou qui va le faire chanter…

Le cinéma coréen (du Sud, évidemment) est de plus en plus productif et nous offre chaque année un bijou comme lui seul sait le faire. Dans la lignée de The Host, le réalisateur Kim Seong-hun a concocté un polar décoiffant où chaque seconde est à la fois stressante (pour Geon-soo mais aussi pour le spectateur), prenante et en même temps poilante, tant les situations sont de plus en plus absurdes et confinent à un humour noir des plus jouissifs. On se souviendra longtemps de la sonnerie du portable du malencontreux renversé qui résonne inlassablement dans le cercueil cloué dans le funérarium. Ou de cette manière pour le moins efficace et inattendue de se débarrasser d’un témoin trop encombrant. Le tout dans une esthétique et une mise en scène irréprochables. Lee Seon-gyoon, superstar dans son pays, ne se ménage pas entre courses-poursuites, trésors d’imagination pour trouver comment se sortir d’inextricables situations, lâcheté assumée et mauvaise foi affichée. L’antihéros par excellence, entre désinvolture et charme, à qui on souhaite à la fois les pires malheurs du monde et qu’il puisse s’en sortir indemne. Ne cherchez pas la moindre moralité, il n’y en a pas (ou presque). Hard Day, présenté à la Quinzaine des réalisateurs du dernier Festival de Cannes, suit ainsi la tendance actuelle des films internationaux, comme Night Call récemment, à savoir celle où le bien n’est pas forcément là où on le croit et que le crime finit par payer. Et qu’on peut vraiment rire de tout, même du pire. Ce qui soulage en ces jours pour le moins sombres…

 
Hard Day de Kim Seong-hun, avec Lee Seon-gyoon, Jo Jin-woong, Shin Jung-keun… Corée du Sud, 2014. Présenté à la 46e Quinzaine des réalisateurs. Sortie le 7 janvier 2015.