En compétition au 69e festival de Cannes
Qui ?
La dernière fois qu’on a vu Xavier Dolan, il recevait le prix du Jury pour Mommy. Ses larmes étaient-elles de déception de n’avoir point brandi la Palme d’or ? Toujours est-il qu’il exhortait dans son discours à croire en ses rêves et c’est visiblement ce qu’il fait, de film en film… Comédien, doubleur, le cinéma, il connaît depuis sa plus tendre enfance, jusqu’à ce qu’il prenne la caméra lui-même, à l’âge de 19 ans. Le film s’appellera J’ai tué ma mère et avec un titre pareil (et une Anne Dorval déchaînée en comédienne principale), il ne pouvait pas passer inaperçu en arrivant sur la Croisette, où il reçut trois prix à la Quinzaine des réalisateurs, dont celui du Regards jeunes. Un an plus tard, rebelote. Un second film remarqué, Les Amours imaginaires et un Prix de la jeunesse au Festival de Cannes 2010. Il remportera la Queer Palm en 2012 pour Laurence Anyways, tandis que Tom à la ferme ne sera pas présenté (mais sera applaudi dans d’autres festivals comme la Mostra de Venise, excusez du peu). Et puis, il y a le phénomène Mommy qui deviendra son plus gros succès critique et public. Quel sort attend Juste la fin du monde ? L’enfant terrible du cinéma attend la consécration suprême avec toute la fougue et la vive impatience de sa jeunesse.
Quoi ?
Juste la fin du monde est une adaptation de la pièce un brin désespérée de Jean-Luc Lagarce, parue en 1990. Ce n’est pas la première fois que Dolan se prête à l’exercice, puisque c’était déjà le cas avec l’angoissant Tom à la ferme. Ici, point de fermier malfaisant, mais un jeune homme qui se sait condamner, qui aimerait annoncer à sa famille (dysfonctionnelle) sa mort prochaine, sans pouvoir pourtant prononcer le moindre mot. Pour faire passer la pilule de ce drame en huis clos, Dolan s’est adjoint toute une tripotée de comédiens français à la carrure internationale : Nathalie Baye (vue dans Arrête-moi si tu peux de Spielberg), Gaspard Ulliel (égérie de Scorsese pour une pub de parfum et Hannibal Lecter jeune dans Les Origines du mal), Vincent Cassel, Léa Seydoux et Marion Cotillard, tous trois à la carrière largement bien lancée outre-Atlantique, entre films d’auteurs et blockbusters. Un casting glamour cinq étoiles qui ne prend aucun risque de se tromper. Même si chacun de ces comédiens à autant d’admirateurs que de détracteurs… De quoi en faire en drame ? Non, juste la fin du monde…
Juste la fin du monde, de Xavier Dolan, avec Nathalie Baye, Gaspard Ulliel, Marion Cotillard, Vincent Cassel et Léa Seydoux. Canada-France, 2016. Sortie le 21 septembre 2016. Grand Prix du 69e festival de Cannes.