Au Festival de Gérardmer cette année, plutôt que de voir un cinéma de genre jouer avec les codes, on aura vu le genre aller voir ailleurs, se libérer des stricts territoires de l’horreur et du fantastique pour explorer d’autres terres et s’enrichir d’autres langages, d’autres esthétiques. Des partis pris aventuriers plus ou moins aboutis mais dont le jury longs-métrages à la présidence partagée entre Bérénice Bejo et Michel Hazanavicius a su dignement saluer les plus belles expressions.
Grand vainqueur de cette 30e édition, l’effronterie d’Eduardo Casanova dans La Pietà, fable irrévérencieuse au lyrisme terrifiant faisant d’un amour maternel la source de toutes les tyrannies. Le film rafle le Grand Prix du jury mais aussi le Prix du jury jeunes et le précieux Prix du public. Une passe de trois amplement méritée. Tout comme l’est la double reconnaissance à l’égard du nouveau long-métrage de Thomas Salvador (8 ans après Vincent n’a pas d’écailles !), La Montagne : son enivrante ascension vers les contrées d’un réalisme merveilleux remporte le Prix de la critique ainsi que le Prix du jury. Un prix qu’il partage avec une autre expérience sensorielle tout aussi radicale : Piaffe de la jeune réalisatrice Ann Oren, ou la quête érotico-existentielle d’une jeune bruiteuse. Mais là où Salvador signe un éloge du silence, Oren chante une ode harmonieuse aux infinies richesses des sons. À noter enfin, un prix spécial “30e anniversaire” décerné au plus orthodoxe mais très honorable Watcher de Chloe Okuno.
Au final, un palmarès des plus éclectiques pour célébrer un cinéma de genre en mouvement perpétuel.
Grand Prix
La Pietà, de Eduardo Casanova
Prix du jury ex aequo
La Montagne, de Thomas Salvador
Piaffe, de Ann Oren
Prix du 30e Festival de Gérardmer
Watcher, de Chloe Okuno
Prix de la critique
La Montagne, de Thomas Salvador
Prix du public
La Pietà, de Eduardo Casanova
Prix du jury jeunes
La Pietà, de Eduardo Casanova
Grand Prix du court-métrage
Il y a beaucoup de lumière ici, de Gonzague Legout