Qui aurait cru que Gore Verbinski, réalisateur de bluettes comme La Souris ou Le Mexicain (avec Brad Pitt et Julia Roberts), allait devenir le maître d’œuvre des films d’aventures des années 2000, issus d’une hybridation du cinéma de Robert Zemeckis et celui de Michael Bay ? Soit efficaces, réjouissants, mais pas toujours subtils. Depuis le carton de Pirates des Caraïbes dont il fut à la barre des trois premiers épisodes et après une première incursion dans le western avec le très animé (et réussi) Rango, le revoici pilote d’un projet dantesque qui, étrangement, a fait un bon gros flop inattendu aux Etats-Unis (et les premiers chiffres français ne sont guère bouleversants).
Adapté d’une série culte, Lone Ranger avait sur le papier tout pour séduire, avec une franchise à la clé : un réalisateur chevronné n’ayant peur d’aucun défi, un producteur qui n’a plus rien à prouver (Jerry Bruckheimer), un Johnny Depp toujours un peu perché, une tête d’affiche prometteuse (Armie Hammer, au magnétisme sympathique, qui, depuis The Social Network fleure bon l’Hollywood d’antan), toute une panoplie de seconds rôles au diapason, dont la sempiternelle Helena Bonham-Carter, que l’on sort régulièrement de son manoir burtonien pour des seconds rôles de fanfreluche étrange et décalée (et souvent aux côtés de Johnny Depp, d’ailleurs). Sans oublier un contexte de renaissance des films de Far West depuis le carton du dernier Tarantino… Mais on peut également reprendre tous ces avantages et les transformer en inconvénients : une série initiale perdue dans les confins de l’oubli, recette déjà goûtée de Pirates des Caraïbes made in western, genre peu plébiscité par le public ces dernières années, sauf exception… Sans oublier un Johnny Depp grimé et grimaçant en roue libre. Alors, ayons le cœur net et affrontons les salles obscures : Lone Ranger, navet mérité ou film incompris ?
2h15 de projection plus tard, c’est la seconde catégorie qui l’emporte. Oui, Lone Ranger est une énorme pomme d’amour sucrée et collante. Oui, Johnny Depp fait du Johnny Depp. Oui, le film est un mélange peu délicat de tous les genres possibles (aventure, action, fantastique, western, amour, comédie…), mais putain que c’est bon ! Là où un Pirates des Caraïbes s’entêtait à faire de Jack Sparrow sa tête de gondole (les autres comédiens en étaient réduits à de la figuration), ici, le héros est Armie Hammer et du haut de sa stature (1m96 au garrot), il en impose, mais sans jamais s’imposer. Les morceaux de bravoure s’enchaînent, sans temps morts, sans vraisemblance aussi, mais qu’importe ! Paysages naturels éblouissants, cascades effarantes, rythme effréné, cheval qui défie les lois de la gravité, humour noir ou humour tarte à la crème, courses-poursuites dans (ou sur) des trains, explosions géantes, corbeaux empaillés… Il y en a pour tous les goûts. Enfin un film d’aventures qui laisse les mirettes écarquillées, comme un retour en enfance qui nous renvoie aux origines du cinéma : nous transporter, sans bouger de son siège, vers un ailleurs composé d’imaginaire pur. Et rien que pour ça, on en veut enGore, Verbinski !
Lone Ranger, naissance d’un héros de Gore Verbinski, avec Armie Hammer, Johnny Depp, Tom Wilkinson, Helena Bonham-Carter, Ruth Wilson… Etats-Unis, 2012. Sortie le 7 août 2013.
Pour lire la critique de l’affiche de Lone Ranger, c’est par ici http://www.lecritiquedepub.com/lone-ranger-pirate-de-louest-2/
Intéressante cette analyse de l’affiche.