Après avoir été primée à de nombreuses reprises pour son court Alice ou la Vie en noir et blanc, Sophie Schoukens se lance dans son premier long-métrage. Une histoire de femme et de féminité. Marieke est une jeune fille de 20 ans un peu perdue entre deux âges, en quête de tendresse et de figure paternelle. Elle se jette éperdument dans le lit d’hommes bien plus vieux qu’elle, bribes d’un père mort brutalement quand elle avait 8 ans. Avec beaucoup de pudeur, on la voit passer dans ces bras fatigués, photographier des fragments de chacun de ces corps dans l’illusion de recomposer l’homme idéal. Rien de glauque pourtant. Beaucoup de tendresse. Malgré ses blessures, Marieke est une jeune fille gaie, qui trouve auprès d’eux du réconfort, de l’apaisement et, paradoxalement, du souffle, de la légèreté, de la joie de vivre. A sa copine, qui ne la comprend pas, elle confie qu’ils vivent mieux, aiment mieux car ils n’ont plus rien à perdre. D’ailleurs, et de manière un peu caricaturale, la seule tentative de relation sexuelle avec un jeune homme de son âge (à la sortie d’une boîte de nuit, dans la rue, à côté des poubelles) se solde par un échec.
On est séduit par la lumière d’Alain Marcoen, le cameraman des frères Dardenne qui éclaire avec délicatesse et élégance cette jeune fille à la recherche de chaleur et d’affection. Une jolie photographie entre réalisme et poésie au cœur de laquelle la comédienne Hande Kodja est parfaite.
Malheureusement, cela ne suffit pas à nous emmener. Et on finit par trouver le temps long, alors que le film ne dure que 1h25. Peut-être trop de belles images qui nous laissent froids. Trop de pudeur qui nous met à l’écart. Au final, on n’est pas vraiment touché par le malaise que vit l’héroïne.
Reste un regard sensible sur la féminité, les corps faillés. Une réalisatrice à l’avenir prometteur. Et une jeune actrice à suivre.
Marieke de Sophie Schoukens, avec Hande Kodja, Jan Decleir, Barbara Sarafian… Belgique, Allemagne, 2010. Sortie le 28 mars 2012.
