Miss Zombie, de Sabu

 

Miss Zombie, de SabuDans un avenir proche, au Japon, une cage. A l’intérieur, une jeune femme au corps scarifié et criblé de bleus. Elle s’appelle Sara. Elle est zombie. Tel est l’étrange colis que Teramoto, un docteur argenté, trouve un jour chez lui, accompagné d’une notice d’entretien – “Ne pas lui donner de viande – peut devenir violente” –, ainsi que d’un révolver. Sceptique quant à l’utilité d’avoir un zombie à la maison, il décide malgré tout de la garder au sein de sa famille, auprès de Shizuko, sa femme, et Kenichi, son fils. Elle devient leur servante docile. Entre animal de compagnie et objet sexuel, Sara essuie humiliation sur humiliation. Seuls Shizuko et Kenichi semblent lui témoigner de l’empathie et lui prêter quelques attentions humaines…

Il n’a malheureusement pas été nécessaire d’aller jusqu’au défilé en maillot de bain deux pièces pour comprendre que cette Miss Zombie ne sera jamais (on parie ?) couronnée Miss Gérardmer, pas même Dauphine, tant le film du réalisateur japonais Sabu se complaît dans une simple et vaine surenchère esthétique. Oserait-on aller jusqu’à évoquer un chouïa de je-me-regarde-filmer ? Oui. N&B ultra-saturé, jeux graphiques soignés, entre hautes lumières brûlées et clairs-obscurs mélancoliques, habillages sonores crispants, répétition volontaire des plans et des motifs narratifs.

Le film possède d’indéniables qualités formelles mais, c’est toujours la même affaire, pour quoi faire ? Pour nourrir quelles problématiques ? Au départ, le pitch nous promettait monts et merveilles. Satire sociale où des corps déshumanisés sont mis au service d’une caste aristocratique. Ode à la maternité : celle de Shizuko, la mère, et celle de Sara, la zombie, qui se souvient avoir un jour porté un être vivant dans son ventre. Précarité des liens familiaux et d’une espèce humaine dégénérée : de l’homme ou du zombie, qui est le plus déshumanisé ? Le tout parsemé de piques féministes. Autant de sujets alléchants que Sabu se contente d’effleurer, de brasser grossièrement sans jamais s’y confronter vraiment. Il semble davantage préoccupé par la plage tonale de son noir et blanc, l’intensité de ses lens flare et les mouvements chevrotants de sa caméra. Le cinéaste s’éternise sur une terrasse que Sara ne cesse de récurer, encore et encore et encore… Une récurrence outrancière qui, faute de discours derrière, sombre dans un pénible exercice de style totalement avorté.

Les petits budgets et les temps de tournage comprimés n’excusent pas tout. Sabu avait de l’or dans les mains, Miss Zombie comptant parmi nos morceaux choisis que l’on avait hâte de savourer. Mais ses 85 minutes – dont 72 de décrassage de terrasse, de crissements de brosse et de pieds sur le sol… ses 85 minutes, donc, faussement minimalistes, auront eu raison de notre appétit, éveillant en nous une très longue, douloureuse et regrettable indigestion.

 
Miss Zombie de Sabu, avec Ayaka Komatsu, Makoto Togashi, Toru Tezuka… Japon, 2013. Présenté en compétition au 21e Festival international du film fantastique de Gérardmer.

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