Money, Money, Money must be funny, in the rich man’s world
Sans prétention mais avec beaucoup de maîtrise, Jodie Foster signe un thriller nerveux. Soit l’histoire en temps réel de Kyle Budwell (Jack O’Connell) qui a perdu 60 000 dollars en bourse (l’héritage de sa mère) en suivant les conseils de Lee Gates (George Clooney), présentateur vedette de Money Monster, une émission sur la finance aussi subtile qu’un show made in Hanouna. Bref, Kyle est en colère et décide de prendre en otage le plateau télé pour obtenir non pas une réparation financière mais une explication sur l’injustice de sa perte. Le tout sous le regard de la réalisatrice de ladite émission, Patty Fen (Julia Roberts).
Porté par un casting de rêve, il plane sur Money Monster un doux parfum des années 1990. Un blockbuster qui envoie du lourd, une BO qui claque, un scénario qui s’autorise quelques facilités pour le bien de tous et des dialogues qui nous décrochent aisément quelques sourires et rires… Le tour est joué. Nous voilà télétransportés dans une salle de ciné avec 20 ans de moins, sweat Waikiki, permanente et bombers. Pourtant le sujet dont s’empare Money Monster est bien contemporain. Grosse maille, finance douteuse, détournement et paradis fiscaux. On est loin des The Big Short et Le Loup de Wall Street, mais davantage dans « La spéculation pour les Nuls » qui pointe du doigt un système qui engloutit tout sur son passage et laisse souvent les gens sur le carreau. Un système devenu impasse filmé comme une impasse mexicaine : le procédé est malin et bienvenu. La police et ses snipers visent le dissident qui vise celui qu’il tient pour responsable de sa chute. Le tout sous le regard des caméras et réseaux sociaux qui n’en finissent pas de commenter l’événement.
Et la morale de l’histoire, donc ? Tout ça est très injuste, crie Kyle. Et alors ?, répond Jodie Foster, ça leur en touchera une sans leur faire bouger l’autre. Mais en même temps, ça fait du bien de se l’entendre dire, non ?
Money Monster de Jodie Foster, avec Julia Roberts, George Clooney, Jack O’Connell… Etats-Unis, 2016. Présenté hors compétition au 69e Festival de Cannes. Sortie le 12 mai 2016.