Les deux font un père
Avec La Tête de maman et Du vent dans mes mollets, Carine Tardieu a déjà imprimé sa marque dans la comédie française, à la fois franchement drôle et joliment sensible. Elle retrouve d’ailleurs ici les coscénaristes respectifs de ces deux films, Michel Leclerc (Le Nom des gens) et Raphaële Moussafir. Les mères et leurs filles (ou plutôt les filles et leurs mères) occupaient jusqu’ici le centre de l’écran. Cette fois, place aux pères. Ceux qui nous élèvent, ceux que l’on se choisit, ceux que l’on veut éviter, ceux qui se révèlent et qui sont parfois les mêmes. Erwan (François Damiens), démineur breton, doit faire face à un autre genre de déflagration : un test génétique lui apprend que son père n’est pas son père. De son côté, sa fille Juliette (parfaite Alice de Lencquesaing) souhaite élever son enfant sans père. Le prétexte pour montrer différentes figures paternelles, interroger la suprématie des liens du sang. Prétexte aussi à différents quiproquos, malheureusement parfois attendus et proches du vaudeville, en particulier dans la veine de la comédie romantique. Et ce malgré l’alchimie évidente du couple François Damiens / Cécile de France. Cependant, la plume des scénaristes fait toujours mouche, avec des dialogues percutants. Les acteurs, François Damiens et l’iconoclaste et burlesque Esteban – déjà vu notamment dans L’Effet aquatique – en tête, assurent le reste de la comédie. La corde sensible revient au duo de pères, Guy Marchand et André Wilms, que l’on a plaisir à retrouver en vieux bougons, chacun à leur manière. La relation qu’établit François Damiens avec ce père biologique, figure idéale de vieux militant sympa, revalorise celle qu’il a avec son père de toujours, forcément un peu envahissant, un peu vieillissant. Franchement drôle et joliment sensible, disions-nous donc, quoiqu’un peu plus attendu que les films précédents de la réalisatrice.
Ôtez-moi d’un doute de Carine Tardieu, avec François Damiens, Cécile de France, Alice de Lencquesaing, Esteban, Guy Marchand, André Wilms… France, 2017. Présenté à la 49e Quinzaine des réalisateurs. Sortie le 6 septembre 2017.