La séance de rattrapage DVD

 

Si l’on décide de rattraper à la maison les films passés inaperçus en salle qui méritent d’être connus, voire même pousser le vice jusqu’à zieuter les « direct to video », il y a de quoi rester coller ad vitam aeternam devant son écran. J’ai choisi quelques œuvres singulières, certaines injustement ignorées, d’autres absolument improbables et quelques bêtes de concours remarquées pour leur robe. Une vraie séance de rattrapage.

Hara-kiri : mort d'un samouraï, de Takashi MiikeHara-kiri de Takashi Miike, avec Ebizo Ichikawa, Eita Nagayama, Hikari Mitsushima, Naoto Takenaka…

Quand il ne tourne pas six films par an, adaptant tout et n’importe quoi, Takashi Miike fait la démonstration qu’il sait être un cinéaste génial. Illico je pondère ce jugement à l’emporte-pièce car cette boulimie a tout de même produit de sacrées petites perles. C’est avec une certaine jubilation que je me souviens du polar poisseux Rainy Dog, des croustillants portraits de Ley Lines, des saillies poétiques dans The Bird People in China, des Prisonniers du paradis, de La Mélodie du malheur, des scènes de torture d’Audition
Je suis un fan transi du bonhomme (Gozu, Visitor Q, Family, Ichi The Killer…) même si parfois, mais c’est rare (chez Miike, il y a toujours un petit quelque chose à prendre), la consternation me gagne (Zebraman, Yatterman…). Il y a deux ans, Miike envoyait déjà du lourd avec 13 Assassins, un jidaï-geki (film historique) rigoureux sur la forme et passionnant sur le fond.
Rebelote avec Hara-kiri : mort d’un samouraï qui m’a bluffé de bout en bout. Ce n’est pas le genre de film qui vous lâche après le générique de fin. Vos bonbons collent au papier un bon bout de temps. Je rassure les admirateurs, Miike ne s’encroûte pas, son cinéma se libère et se bonifie.
Pose un peu ta caméra Takashi, prends ton temps.
L’histoire est celle d’un samouraï déchu, Hanshiro, qui, en 1617, vient frapper à la porte d’un chef de clan pour lui demander le droit d’accomplir devant lui et ses guerriers un suicide rituel. Le chef Kageyu se méfie : il a fait l’objet, quelque temps plus tôt, d’une requête analogue de la part d’un usurpateur, un jeune ronin famélique nommé Motome.
Le premier quart d’heure, on se dit – mince, j’ai tout compris, l’affaire est pliée ! Que nenni ! Hara-kiri vous bringuebale dans le temps, la tension va crescendo et là, c’est le drame. Le vrai, celui du film.
Si vous aimez les moments forts en émotion, vous serez comblés. La photographie est à tomber de beauté, les acteurs également. Je n’ai pas vu le film dans sa version 3D. Profitez-en pour revoir ou découvrir la version du grand Kobayashi. Et pour relire la critique du film au Festival de Cannes.
Disponible en DVD, Blu-ray et version 3D chez Carlotta.

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The Hole, de Joe DanteThe Hole 3D de Joe Dante avec Teri Polo, Haley Bennett, Chris Massoglia…

Un petit mot pour vous rappeler qu’un cinéaste génial, Joe Dante, a réalisé en 2009 The Hole, un chouette trip d’horreur injustement ignoré à sa sortie. On y retrouve le Joe Dante des familles, de l’enfance, des premières amours, celui que l’on aime.
L’homme n’a jamais développé un seul projet sans y ajouter son grain de sel, le fameux couplet sur l’apprentissage social. Chaque personnage se remet en question. Toujours.
Sinon, The Hole, c’est un trou dans le garage, un trou profond avec des esprits et des grosses bébêtes. Un film simple comme bonjour et bien bonnard. Vive Joe Dante ! En 3D, ou pas.
Disponible en DVD et Blu-ray 3D chez CTV International.

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Les Révoltés de l'île du diable, de Marius HolstLes Révoltés de l’île du diable de Marius Holst, avec Benjamin Helstad, Trond Nilssen, Stellan Skarsgård….

Norvège. Début du XXe siècle. Les vents polaires frappent les murs de Bastoy, centre de redressement pour jeunes délinquants. Forteresse de pierre plantée sur une île, il est impossible de s’évader. Bastoy a fait sa réputation sur sa rigoureuse gestion de l’humain entre coups de trique et punition collective. Erling et Ivar intègrent un groupe de pensionnaires. Accepteront-ils les châtiments ?
Lu comme ça, le pitch sent le réchauffé. D’ailleurs, le scénario n’est pas très original ; les gamins ne supportant plus les brimades se rebellent contre le directeur et son surveillant général et, pour les moins cassés d’entre eux, ne rêvent que de fuite. Sauf que ça envoie du bois de cagette ! Les personnages aux caractères franc du collier tiennent la route. Les mômes marqués au fer rouge peinent à cacher leurs intentions.
On sent l’application du réalisateur à ne pas foirer son film autant qu’à ne pas salir la mémoire des anciens pensionnaires. Tiré d’une histoire vraie, Les Révoltés de l’île du diable (quel titre débile) mérite d’être vu et le respect. La longue séquence de ladite révolte est haletante. Une réussite, une belle surprise. En bonus un documentaire sur l’orphelinat (ou pénitencier) de Bastoy.
Disponible en DVD et Blu-ray chez Filmedia.

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Faust, d'Alexandre SokourovFaust d’Alexandre Sokourov, avec Johannes Zeiler, Anton Adasinsky, Isolda Dychauk…

L’an 2011. Venise. Darren Aronofsky et ses collègues jurés offrent à Faust la récompense suprême, le Lion d’or. Une audacieuse récompense quand on sait que le film tourné au format 1:33 (image carrée, couleur sépia) nous ramène 150 ans en arrière à l’époque où la pellicule sentait les tripes à la graisse d’urus. Les 20 premières minutes demandent un minimum d’effort mais sachez que votre abnégation sera récompensée.
Quel film mes aïeux ! Cette libre adaptation du roman de Goethe clôt la tétralogie sur le pouvoir commencée avec Moloch puis Taurus et Le Soleil.
XIXe siècle. Allemagne. Le docteur Faust taillade la chair, éviscère, fouille les entrailles à la recherche de l’âme. Sous ces airs graves, Faust peine à masquer sa véritable nature. C’est un homme mauvais. Au bord de la ruine, ignoré par son père, il se tourne vers un vieil usurier qui promet de lui révéler le secret de la vie. Sous le prêteur se tapis le Diable. Marguerite, une jeune lavandière innocente, ensorcelle le docteur. Le piège se referme.
Sokourov nous promène à travers les bas-fonds d’une ville anonyme. La bête immonde y traîne ses guêtres. Dans les ruelles flotte une odeur méphitique. La fragrance du Malin ne vous quitte plus, vous pénètre, vous empoisonne.
Œuvre sensorielle par excellence, Faust excite notre sensibilité, pouvant tout à fait inspirer à la fois répugnance et fascination. Le film passionne jusqu’à son dénouement, saisissant de beauté. L’enfer est un paradis.
Les séquences choc se suivent mais ne se ressemblent pas. Vous vous souviendrez longtemps de la balade sous les arbres. Comme pour un film de Bela Tarr, ne ratez l’expérience sous aucun prétexte.
Disponible en DVD et Blu-ray chez blaqout.

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Dernière séance, de Laurent AchardDernière séance de Laurent Achard, avec Pascal Cervo, Karole Rocher, Charlotte Van Kemmel, Brigitte Sy…

Derrière sa caisse enregistreuse, Sylvain, programmateur et projectionniste, accueille les derniers spectateurs d’un cinéma de quartier qui vit ses dernières heures. Il sait qu’il doit quitter sa tanière du sous-sol, sa chambre, ses souvenirs. Après chaque séance, Sylvain sort la nuit. Pour tuer.
Un thriller français efficace, sans effet tapageur, bien écrit, bien construit, avec des acteurs et actrices qui se donnent, ça existe bel et bien ! Dernière séance n’invente rien sauf de respecter à la lettre les codes d’un genre depuis longtemps mal mené par les olibrius adeptes du torture porn. Du coup, cette histoire classique de tueur en série nous saute à la gueule. Le style dépouillé sert le réalisme des situations. Laurent Achard sait faire monter la sauce. Glauque à souhait. Conseillé.
Disponible en DVD chez Epicentre films.

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Miss Bala, de Gerardo NaranjoMiss Bala de Gerardo Naranjo, avec Stephanie Sigman, Noe Hernandez, James Russo, José Yenqué…

Laura, prétendante au titre de Miss Beauté, est kidnappée par un cartel de la drogue mexicain. Au mauvais endroit, au mauvais moment. Ses ravisseurs lui assignent de sales besognes, la torturant mentalement et physiquement. Prise au piège, trop impliquée, Laura ne voit pas d’issue à ce cauchemar.
Miss Bala a tout du film de festival ; réalisme ultraconvaincant, puissant, terrorisant. Ces bandes organisées, armées jusqu’aux dents (qui n’ont rien à voir avec les gangs d’ados), copines comme cochon avec les pouvoirs locaux, fichent la trouille. Le cinéaste essaie de nous faire comprendre que le fonctionnement mexicain, gangrené jusqu’à la moelle par les affaires, repose sur un système où la corruption est une religion. Tout comme Laura, nous nous sentons les otages des bandidos. Peu de films m’ont à ce point terrifié.
L’intrigue un peu trop linéaire dessert le possible développement de sujets forts (rapport entre trafics de drogue et nouvelle organisation sociale du pays). Cette immersion au cœur du mal ne laisse pas de marbre. Stephanie Sigman, de tous les plans, crève l’écran.
Disponible en DVD chez Ad Vitam.

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Le Déserteur, de Tom HardyLe Déserteur de Martin Huberty, avec Paul Fox, Tom Hardy, Aitor Merino…

Le Déserteur est l’adaptation de l’autobiographie de Simon Murray (aujourd’hui homme d’affaires), Anglais engagé dans la Légion étrangère à l’âge de 19 ans qui a participé au conflit franco-algérien.
Aussi, les poncifs, tant ils s’accumulent, sont légion ; la guerre c’est moche, l’armée c’est difficile, les officiers supérieurs c’est des méchants, les cailloux dans les rangers ça fait mal aux pieds.
Tourné en 2002, nous comprenons mieux la raison d’une sortie DVD en 2012. Le Déserteur ne sait pas sur quel pied danser. Film d’action, film de guerre, brûlot politique ? C’est un peu tout et rien à la fois mais surtout de la confusion.
L’image est léchée et la mise en scène tout à fait correcte. Tom Hardy, aujourd’hui nouveau chouchou d’Hollywood, porte avec classe l’uniforme de Murray. Tentez l’aventure si le cœur vous en dit.
Disponible en DVD et Blu-ray chez Aventi.

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