Quoi de mieux qu’un bon western après une randonnée de sept heures ou l’après-midi à la plage ? Rien, ou pas grand-chose, à part un paquet de chips, une bière et des merguez.
Au programme : trois westerns italiens dont l’immense Texas et le culte Un train pour Durango. Attendez ce n’est pas tout ! Une salve de très haute qualité qui vous fera oublier les douloureux coups de soleil. Mention spéciale au bijou 24 heures de terreur.
Un train pour Durango réalisé par Mario Caiano avec Anthony Steffen, Mark Damon, Enrico Maria Salerno, Dominique Boschero…
Au Mexique, Gringo (Anthony Steffen) et Lucas voyagent en train jusqu’à Durango, pour se rendre ensuite aux Etats-Unis, et tenter d’y faire fortune. Alors que Gringo séduit la belle Hélène, le train est attaqué par des bandits à la solde du révolutionnaire Lobo. Les bandits font un carnage et emportent un coffre-fort. Etant en possession de la clé du coffre, les deux amis enlèvent Hélène et se lancent à la poursuite des bandits… et du magot.
Des séquences loufoques, des dialogues bourrés d’humour, une prestigieuse distribution, un rythme effréné, une mise en scène inspirée, Un train pour Durango ne ménage pas ses efforts pour nous secouer le boyau de la rigolade. Anthony Steffen, acteur charismatique éprouvé à la poussière du désert, tient le film sur ses épaules. La touche italienne, reconnaissable entre mille dans le genre (gros plans sur les visages burinés, duels aux airs d’opéra, rires à gorge déployée…), exacerbe avec goût les caractères potentiellement infects de ses anti-héros. Cultissime et très recommandé.
Disponible chez Artus films
Joe l’implacable réalisé par Antonio Margheriti avec Rick Van Nutter, Halina Zalewska, Mercedes Castro, Renato Baldini…
A la fin de la guerre de Sécession, les convois d’or du gouvernement sont régulièrement pillés par des bandits. Le sénateur décide alors de confier la surveillance des chargements à l’agent spécial Joe Ford, connu sous le nom de Dynamite Joe.
Joe l’implacable n’est pas reconnu pour tirer le western vers le haut. Juste qu’il dépayse ce qu’il faut pour décrocher d’une sale journée. Les gueules patibulaires vous rappelleront un collègue, un ami d’enfance, un voisin, votre belle-mère. Pas honteux, mais pas recommandé non plus. S’il ne doit en rester qu’un, choisissez Texas !
Disponible chez Artus films
Texas réalisé par Tonino Valerii avec Giuliano Gemma, Warren Vanders, Maria Cuadra, Fernando Rey…
A la fin de la guerre de Sécession, le gouverneur des Etats-Unis échappe à un attentat sudiste à Dallas, grâce à Bill Willer (Giuliano Gemma), un soldat déserteur. Peu de temps après, une nouvelle tentative réussit, et le gouverneur est assassiné. Tous les soupçons se portent alors sur Jack Donovan, un Noir. Willer va tout faire pour innocenter son ami, et démêler le complot.
N’y voyez-vous pas un hommage à John Fitzgerald Kennedy ? Eh bien, c’est le cas. Voici une libre transposition de l’assassinat du Président américain à l’époque des cow-boys. On peut dire ce qu’on veut des westerns spaghetti mais quand les petits génies alpins (réalisateur/scénariste) mettent leur force en action, la magie du cinéma secoue méchamment. Texas se présente comme une œuvre engagée et militante, à la fois pamphlet politique et fine étude psychologique d’une société en mutation. Qu’il traite du système pourri jusqu’à la moelle ou qu’il dénonce le racisme entre les Noirs et les Blancs, Texas n’abandonne en rien ses ambitions formelles. Si vous désirez prendre une leçon de mise en scène, vous serez comblés au centuple.
Comme tous les films à poigne, Texas connut un charcutage en règle de la part des producteurs. Artus lui rend justice sous sa forme originale. Un chef-d’œuvre du cinéma italien.
Disponible chez Artus films
24 heures de terreur réalisé par Harmon Jones avec Dale Robertson, Jack Mahoney, Mara Corday…
En sauvant la vie d’un inconnu, le pistolero Jagade ignore qu’il vient d’arracher le shérif Burnett à une mort certaine. Reconnaissant, Burnett se montre bienveillant envers son sauveur. Non seulement Jagade reste, mais rouvre un saloon où il souhaite que Sharman Fulton, son ancienne compagne, reprenne sa place parmi les danseuses. Pas du goût de la jeune femme et de son nouveau fiancé, le shérif. Déchiré entre son devoir et sa dette de sang, celui-ci se trouve bientôt en fâcheuse posture, soupçonné par certains habitants de couvrir les agissements de plus en plus brutaux de Jagade…
Le maître mot de 24 heures de terreur, c’est « efficacité ». Harmon Jones boucle en à peine 1h20 son sujet ou plutôt ses sujets. Monteur de métier, Jones contrôle son film et privilégie l’essentiel. Pour la faire courte, les acteurs ne parlent pas pour ne rien dire et la mise en scène sert l’histoire. Pas de fioritures. Pas de gras. Que du muscle ! Aussi, on ne s’embarrasse pas de savoir comment les protagonistes se connaissent. Dès les premières secondes, les choses sérieuses commencent.
24 heures, c’est le temps qu’il faut pour qu’une petite bourgade devienne l’enfer sur Terre. Une histoire de malentendus.
Disponible en DVD et blu-ray chez Sidonis Calysta/Seven 7
La Poussière, la sueur et la poudre réalisé par Dick Richard avec Gary Grimes, Billy Green Bush, Luke Askew, Bo Hopkins…
A 16 ans, Ben Mockridge ne rêve que de devenir cow-boy. Il le devient en rejoignant l’équipe de Frank Cullpepper, propriétaire d’un troupeau qu’il convoie vers Fort Lewis, dans le Colorado. Hors-la-loi, voleurs de bétails, une nature impitoyable… Les dangers sont nombreux. Une fusillade coûte même la vie à trois de ses compagnons, puis ce sont les chevaux de la caravane qui sont volés. Confronté à une existence dont il ne soupçonnait pas la dureté et la violence, Ben croise le chemin de pionniers que Cullpepper refuse d’aider quand un propriétaire terrien les chasse de ses terres…
Qu’il est bon de regarder la vérité en face ! La Poussière, la sueur et la poudre détonne des productions habituelles car son réalisme cru dégage une authenticité qui balaie l’image classique du héros de l’Ouest. Il est ici question du quotidien des garçons vachers du lever du soleil jusqu’à son coucher.
Ben Mockridge rêve de conduire le bétail à travers le pays, aspire à prendre des responsabilités, s’imagine en chef de troupe, mais l’apprentissage s’avère plus éprouvant que prévu. Si le lyrisme des plaines sauvages pousse dans les romans, le gamin comprend vite que défendre son cheptel nécessite de prendre quand il le faut de graves décisions. Un western superbe sur la foi et la désillusion.
Disponible en DVD et blu-ray chez Sidonis Calysta/Seven 7
La Diligence vers l’Ouest réalisé par Gordon Douglas avec Van Heflin, Red Buttons, Bing Crosby…
Tonto, une ville à la lisière des terres indiennes. Plusieurs passagers embarquent dans la diligence qui mène à Cheyenne. Il y a là une entraîneuse de saloon, un médecin alcoolique, une femme enceinte partie à la rencontre de son mari, un banquier, un joueur, un shérif en armes aux côtés du conducteur… Autant de voyageurs bientôt rejoints par Ringo Kid, un hors-la-loi traqué. Tandis qu’elle perd l’escorte de cavalerie qui la protégeait, la diligence s’engage en territoire sioux. Le danger est désormais partout, l’attaque imminente… Chacun montre son véritable visage alors que pleuvent les premières flèches.
Remake très réussi de La Chevauchée fantastique, La Diligence vers l’Ouest rassemble une équipée de forts en gueule dirigée par un Gordon Douglas (réalisateur de Rio Conchos et Barquero) des grands jours. La partition des règlements de comptes sonne haut et fort. Tout comme l’œuvre originale de John Ford, elle-même inspirée par la nouvelle Boule de suif de Guy de Maupassant, le film vibre de la confrontation de ces personnages acculés par les Indiens et la guerre, et qui rivalisent de bassesse, ne sachant plus comment faire fonctionner leur esprit étriqué pour mieux se sentir exister. Les bourgeois se piquent aux petites gens, l’autorité d’un shérif se brise sur l’honneur d’un bandit au grand cœur. Sans oublier la prostituée méprisée, véritable pivot du scénario, il y a de quoi tenir une master class.
Un grand western. Dialogues percutants. Paysages et décors superbes. Chevauchées fantastiques ! L’image du blu-ray est à tomber.
Disponible en DVD et blu-ray chez Sidonis Calysta/Seven 7
Le Siège de la rivière rouge réalisé par Rudolph Maté avec Van Johnson, Joanne Dru, Richard Boone…
La guerre civile déchire les jeunes Etats-Unis d’Amérique. Incognito, deux sudistes, le capitaine Simmons et le sergent Guderman, attaquent un convoi nordiste dont ils prennent possession de la cargaison, plusieurs caisses renfermant la fameuse Gatling, une mitrailleuse si puissante qu’elle pourrait modifier l’issue du conflit. Poursuivis par les nordistes, les deux soldats confédérés sont trahis par Manning qui gagne d’abord leur confiance en les aidant à traverser les lignes ennemies. Après avoir abattu Guderman, Manning s’empare de la Gatling et la vend à des Indiens…
Le Siège de la rivière rouge reprend le thème inusable de l’arme secrète si puissante qu’elle peut changer le cours de la guerre. Dès les premières minutes, le plan des sudistes se déroule sans accroc et la Gatling voyage dans un chariot où Simmons et Guderman se font passer pour des camelots. Nous attendons à chaque étape que les soldats nordistes choppent les lascars mais Rudolph Maté sait faire durer le suspense.
Le Siège de la rivière rouge délivre un ton plus léger que ne le laisse transparaître le pitch. On s’amuse et l’on tremble.
Disponible en DVD chez Sidonis Calysta/Seven 7