Il a beau faire rêver, il en va du septième art comme du reste : il est ponctué par ses passages obligés, marronniers immuables. La sortie d’un film de Woody Allen en est un. Alors, comme chaque année, on se pose LA question. Il est comment ce cru 2011 ? Est-ce son titre ou sa qualité qui fait invoquer Manhattan, chef-d’oeuvre inégalé dans l’oeuvre allenienne, à ces critiques, vraisemblablement surpris d’avoir aimé un film qui compte au générique une Carla Bruni, dont Le Parisien, chronomètre en main, se garde bien de juger la performance, et un Owen Wilson habillé, selon Libération, pour la prochaine session des Chiffres et des lettres ? Le Monde objecte, estimant les séquences inaugurales relativement inquiétantes quant à la qualité du film, mais Télérama rapproche l’introduction en images de Paris en couleur sur du Sidney Bechet, du noir et blanc sur Gershwin par lesquels le plaisir de Manhattan débute. Libération évoque le même traitement carte postale que la pépite de 1979, quand Les Inrocks précisent que ce Midnight in Paris n’est pas du cinéma de carte postale, mais un film sur les cartes postales. Rapide, enjouée, aérienne (Télérama), comédie lunaire au charme irrésistible (Les Inrocks), la cuvée parisienne du new-yorkais semble bel et bien être une belle idée, pleine de la meilleure fantaisie allenienne (La Croix). Seul Aurélien Ferenczi confesse sur son blog cannois une légère déception, regrettant que le film se transforme in fine en un musée Grévin animé. Animé, tiens. Pas comme la cérémonie qui a vu Mélanie Laurent (qui a assuré grave pour Le Parisien) tenter de décrocher un sourire à Woody Allen, la moue granitiquement consternée, et plus de deux mots à un Robert De Niro aussi laconique qu’à son habitude. D’où la performance d’Olivier Séguret qui réussit à faire parler le président sur deux pages dans Libération, mais ne lui décrochera que deux mots sur le Festival : « Un grand moment de cinéma et de fun. » Apparemment, c’est plutôt bien parti.
Sources : Libération, Le Monde.fr, LesInrocks.com, Telerama.fr, Le Parisien, La Croix, 12/05/2011
