Ces jours-ci, la politique prend définitivement le pas sur le Festival. Hier étaient présentés Le Havre et Pater, aujourd’hui, c’est le tour de celui qui fait tant parler : La Conquête. Qu’on ne s’y trompe pas, pour Le Monde, c’est le film d’Alain Cavalier et son savoureux work in progress qui est le grand film politique de cette session cannoise. Alors que celui de Xavier Durringer n’apporte pas de compréhension supplémentaire à ce qu’a déjà raconté ou expliqué la presse, écrite et parlée, la littérature d’actualité et même le cinéma depuis ce fameux 6 mai 2007, simplement un grand zapping de Nicolas Sarkozy. Ce qu’il apporte, c’est l’humanité au personnage. Grâce à Podalydès, le monstre (politique) devient un homme (blessé). Un vrai personnage de cinéma, selon Télérama. Le Monde observe que La Conquête échoue à à décoller des faits pour entrer dans le domaine de la fiction, et nuance cette humanisation. Elle n’est pas très sympathique – rancunière, impulsive, bravache… mais elle est contradictoire, changeante, humaine, quoi.
Décoller de la réalité pour en faire un monde enchanté et nostalgique, c’est exactement ce qu’a réussi Kaurismaki avec Le Havre pour Le Monde. Enfin un film joyeux, se réjouit Aurélien Ferenczi. On aurait pu se croire dans un film de Guédiguian, pointe Libé. Sauf que la structure narrative de ce Havre est celle d’un conte de fées comme le cinéma osait encore en produire du temps de Chaplin, auquel Le Monde fait également référence. Irrésistiblement drôle et tendre, parfois bouleversant, selon Aurélien Ferenczi. Pour Libération, le film a administré aux journalistes une caresse matinale avec un naturel absolument prodigieux. Elle a été reçue – à raison – comme une jouvence par des hordes de critiques qui commençaient, à mi-parcours, à vraiment ressembler à une armée de pommes au four bien gonflées sous les paupières. On vous laisse, y a le four qui nous appelle.
Sources : Télérama.fr, 17/05/2011, Libération.fr, Le Monde.fr, Télérama.fr, 18/05/2011
