Non, Akira n’est pas son père. Mais avec ses déjà 47 films en 39 ans de carrière, Kiyoshi Kurosawa s’impose incontestablement comme l’un des fers de lance du renouveau du cinéma japonais. Cette année, le 24e Festival international du film fantastique de Gérardmer rend hommage à ce grand artiste de la peur et de l’angoisse, à travers une rétrospective de certains de ses plus grands chefs-d’œuvre.
Le « doyen des jeunes cinéastes japonais »
C’est ainsi que Kiyoshi Kurosawa s’amuse à parler de lui. Le réalisateur compte en effet parmi les figures de « l’école Super 8 » apparue au cours des années 1970. Ses camarades de classe s’appellent Sogo Ishii, Shinya Tsukamoto ou encore Hideo Nakata (autre habitué du festival vosgien). Toute une nouvelle promotion de cinéastes nourrie au cinéma bis et au cinéma de genre hollywoodien (Sam Peckinpah, Richard Fleischer, John Carpenter…), venue prendre avec énergie et envie la succession de la « Nouvelle Vague japonaise » des années 1950-1970 (Yasuzo Masumura, Shohei Imamura, Nagisa Oshima…).
La philosophie de la peur
Le fantastique, la peur et l’épouvante comme prismes d’observation de l’histoire et des réalités sociales du Japon : telle pourrait être la ligne de crête suivie par Kiyoshi Kurosawa tout au long de sa filmographie, que ce soit au cinéma mais aussi à la télé pour laquelle il a énormément travaillé au cours des années 1990. Les rhétoriques du genre, Kurosawa les contourne, les submerge, tirant le surnaturel vers le naturel. Parfois l’inverse. « Le fantastique est le moyen que j’ai trouvé pour représenter la psyché tourmentée de personnages rongés par la culpabilité. » Grand admirateur de la tradition japonaise des films d’horreur (les kaidan), Kurosawa ne saurait réduire la réalité au seul monde visible (le cadre) et s’intéresse également à ce qui arrive après, à ce qu’il y a derrière (le hors-champ). De Charisma (1999) à Vers l’autre rive (2015) en passant par Kaïro (2000), Tokyo Sonata (2008), Real (2013) ou même sa série polar Shokuzai, le réalisateur sait user à merveille de nos angoisses et de nos peurs les plus primales pour mieux nous questionner sur notre nature d’être humain, notre identité, ainsi que sur notre capacité à appréhender la société moderne.