Rencontre avec Patrick Chesnais

 

La Braconne, de Samuel RondierePatrick Chesnais est un comédien comblé. Théâtre, télévision, cinéma, il est sur tous les fronts. Avec La Braconne, premier film de Samuel Rondiere, il surprend en voyou en fin de course. Rapide rencontre avec un comédien populaire et flegmatique qui prend plaisir à interpréter des anti-héros mémorables.

La Braconne est le premier long-métrage de Samuel Rondiere. Recevez-vous souvent des projets de premier film ? Ou au contraire, votre statut d’acteur reconnu peut-elle intimider certains futurs réalisateurs au point de ne pas oser vous contacter ?

Non, pas du tout, je reçois beaucoup de scénarios de premiers films, qui n’aboutissent pas toujours. Moi, j’aime bien les premiers films. Souvent ces scénarios ont une inventivité, une fraîcheur qu’ont moins ceux de réalisateurs expérimentés. Même si je ne veux pas faire de généralité… Il y a souvent dans les premiers films un je-ne-sais-quoi… C’est une première fois, donc c’est toujours très fort, comme une espèce de mise au monde et j’aime bien partager ça.

Pourquoi celui-ci vous a-t-il intéressé tout particulièrement ?

Parce que tout d’abord il était magnifiquement écrit, et puis c’était l’occasion d’interpréter un gangster qui a beaucoup de violence en lui. C’est quelque chose que je ne fais pas et j’en avais envie depuis longtemps. J’avais déjà un peu expérimenté ce genre de personnages il y a longtemps, des flics un peu ripoux, mais des vrais voyous comme Danny, jamais.

Danny est d’ailleurs un véritable anti-héros. Avez-vous une affection spéciale pour ce type de personnage ?

Il n’y a rien de plus ennuyeux qu’un héros ! Ce qui est intéressant chez les gens, chez les humains, ce sont leurs failles, leur vulnérabilité, leur fragilité, leur détresse…

Quel plaisir avez-vous eu à interpréter ce voleur qui devient, au fur et à mesure de l’intrigue, une sorte de mentor ?

Le plaisir de la composition, de composer en temps réel. Je ne voulais pas fabriquer artificiellement un personnage, mais bien lui donner une intériorité, tout en en faisant un voyou en fin de parcours. Mais pas n’importe quel voyou : un voyou violent, noir, avec une énergie mêlée à une sorte de fatigue.

Vous donnez la réplique à Rachid Youcef qui a encore peu tourné. Lui avez-vous prodigué des conseils, comme le fait votre personnage avec le sien ?

La Braconne, de Samuel RondiereOui bien sûr, mais en réalité, il s’est avéré que l’on s’est rapidement bien entendus. Ce qui était important pour moi, c’était qu’il se sente à l’aise. Qu’il ait envie de s’ouvrir et aussi qu’il ait le droit de se tromper. J’ai fait en sorte que cela se passe comme ça. C’était le meilleur service que je pouvais lui rendre.

Le film aborde le thème de la transmission. Que pensez-vous que l’on vous ait transmis dans ce métier et que pensez-vous avoir transmis à votre tour ?

Ce que l’on transmet, c’est l’exemple et les exemples, ce sont aux nouveaux de se les choisir. On n’a pas tous les mêmes, ni les mêmes transmetteurs.

Vous tournez tantôt des comédies populaires, tantôt des drames plus intimistes comme ici. Avez-vous des genres de prédilection ?

Non… Mais j’avoue que j’aime bien la comédie. Même dans La Braconne qui est plutôt sombre, un polar urbain, tendu, violent, il y a de l’humour. Ça me fait penser à Louis Jouvet… Un peu de comédie dans les drames et un peu de drame dans les comédies, je crois que c’est ça, le bon équilibre.

Quels rôles que l’on ne vous a pas encore proposés aimeriez-vous interpréter ?

Je l’ai déjà interprété, mais j’aimerais le réinterpréter, c’est Don Quichotte. Un Don Quichotte revisité, moderne.

Vous êtes également réalisateur. Des projets derrière la caméra ?

Oui, mais je ne sais pas encore quoi. J’ai bien un scénario mais je n’ai plus envie de le réaliser. Il faut que j’aie un sujet dans lequel je trouve une nécessité, un désir profond. Pour le moment je ne l’ai pas trouvé. Mais le jour où ça arrivera, je mettrai tout en œuvre pour le mettre sur pellicule.

 
La Braconne de Samuel Rondiere, avec Patrick Chesnais, Rachid Youcef, Audrey Bastien, Jean-Michel Fête. Sortie le 2 avril 2014.