Le comédien et réalisateur Alex Lutz est membre du jury au Festival de Gérardmer, où il est également présent hors compétition avec le film En plein feu. Entre deux séances, il a bien voulu nous confier quelques-uns de ses souvenirs de toiles…
Qu’attendez-vous comme expérience du Festival en tant que membre du jury ?
J’aime ces festivals où on partage avec le public, car il y a ici une sacrée ambiance dans la salle, avec une manière particulière d’accueillir la séance, de faire du bruit. J’espère voir de chouettes films et j’ai hâte de choisir celui que l’on va récompenser tous ensemble.
On va vous retrouver aussi dans En plein feu hors compétition…
Oui, c’est un film à cheval sur le genre, qui empreinte des choses aux films d’anticipation, de frayeur. Je ne suis fermé à aucun genre de film en tout cas.
Vous qui aimez vous métamorphoser de film en film, quelle créature pourriez-vous incarner ?
Une bestiole, j’aimerais beaucoup. J’adore la réinvention de la créature du loup-garou ou quand les humains s’animalisent comme dans La Mouche. Je me souviens de Jack Nicholson qui devenait ce loup incroyable… J’adorais aussi la série Manimal, j’adorerais en faire un film.
Votre premier souvenir de cinéma ?
J’hésite entre Blanche-Neige et Rox et Rouky. Ma tante nous emmenait souvent aux environs de Noël aux rétrospectives Disney qu’ils faisaient souvent à cette époque-là. C’était au Vox, à Strasbourg, une salle que j’adore. Mais mon premier souvenir vraiment dont je me souviens de tout, c’est E.T. l’extraterrestre.
Le film qui a bercé votre enfance ?
J’ai usé la cassette du Cavalier électrique avec Robert Redford et Jane Fonda, que j’adorais. Une histoire de cow-boy alcoolique qui s’en va dans les Rocheuses pour libérer son mustang. Et il y avait Greystoke dont j’ai un souvenir très fort.
Votre premier souvenir de film d’horreur ?
Les Oiseaux, qui m’a terrorisé. Mais aussi Thriller de Michael Jackson. Les adultes fumaient des cigarettes entre eux pendant que nous on regardait la télé et qu’on se chiait dessus. Même encore maintenant, j’ai des frissons si j’entends à la radio le gros rire de la fin de la chanson, tellement j’avais eu peur petit.
Le film qui vous a traumatisé ?
Deep Water, sur ce couple qui fait de la plongée et qu’on a oublié. J’avais regardé ce film un soir seul et j’avais adoré le côté naturaliste. Ou Blair Witch qui m’avait bien fait peur. C’était novateur pour l’époque.
Qu’est-ce qui vous effraie, justement au cinéma ?
Je ne suis pas si client de ça. Quand j’ai accepté d’être membre du jury, je me suis dit après coup : « Mais en fait, je vais avoir peur à ce festival ! » Je n’aime pas être traumatisé par ce que je vois, où je vais garder en tête les images, même si ça aide finalement de faire du cinéma, de comprendre comment ça fonctionne. Je n’aime pas ce qui est insidieux, qui met mal à l’aise, qui joue sur des cauchemars psychologiques profonds, nos saletés intérieures.
Le monstre le plus stylé ?
La figure du vampire. Le Dracula de Coppola était sublime par le côté polymorphe du personnage, qui grimpe sur les murs, qui devient un vieillard, mais aussi un dandy vénéneux et sexuel… Ou les figures de loup-garou. Quand elles ne sont pas loupées, elles sont stylées.
Les premières larmes devant un film ?
E.T., évidemment. Et Rox et Rouky. C’est horrible quand ils ne se reconnaissent pas, alors que c’est les meilleurs amis du monde et que Dorothée le chante.
Le film le plus érotique ?
J’ai un souvenir de Scarlett Johansson dans Match Point, du slow sensuel dans L’Homme qui murmurait à l’oreille des chevaux. Ou Love de Gaspar Noé qui est presque un opéra-porno. Il faut tout convoquer, ce n’est pas que la plastique, c’est une ambiance autour des comédiens, une manière de mettre en lumière, une manière de saisir une matière ou de mettre un son particulier.
Les derniers fous rires de cinéma ?
Gros rire long, dans le Coupez ! de Michel Hazanavicius, d’autant que je ne savais absolument pas ce que j’allais voir. Bérénice Béjo m’en avait parlé au Festival Lumière, mais je n’avais pas du tout fait le rapprochement. J’étais paumé les 25 premières minutes, comme il se doit, mais quand tout s’éclaire, qu’est-ce que j’ai ri ! Et je trouve la fin très émouvante, avec cette image de pyramide humaine que je n’oublierai jamais.
Votre film culte ?
La vie est belle de Benigni, Qui a peur de Virginia Wolf ?, La vie est belle de Capra, César et Rosalie mais tous les acteurs le disent, alors j’arrête de le dire, Les Misérables ou Un homme qui me plaît de Lelouch, La Cité de la peur…
Un film que vous avez honte d’aimer ?
Tous les unitaires de M6 les dimanches après-midi, genre une biographie sur Elizabeth Taylor avec une actrice qui ne lui ressemble absolument pas, j’adore ça ! Il y en avait avec Jaclyn Smith où elle incarnait la première réalisatrice de cinéma, c’était cousu de fil blanc, on lui avait juste mis quelques pattes d’oie et des cheveux blancs pour dire qu’elle avait vieilli. C’est merveilleux.
Votre panthéon du cinéma ?
Elizabeth Taylor, Jean Dujardin, Jack Nicholson, Marina Foïs, François Civil, Jean Gabin, Louis Jouvet, Suzie Delair, Adam Driver, Scarlett Johansson, Robert Redford, Barbra Streisand, Lyna Khoudri, Salim Kechiouche, Jean-Pascal Zadi, Bouli Lanners, Ruben Ostlund…