Après déjà dix ans de carrière, la chanteuse Rose continue d’éclore avec Pink Lady, à paraître chez Columbia le 15 juin. Un album qui se savoure pétale après pétale et distille un véritable parfum cinématographique…
Votre premier film ?
J’ai été élevée à Louis de Funès. J’ai donc grandi avec des comédies comme Rabbi Jacob, mais aussi d’autres, comme Les Compères, de Francis Veber. On ne regardait la télévision que le dimanche soir, quand il y avait ce genre de films. Je n’ai pas grandi avec des films d’auteurs, mais avec du cinéma pour rire. A l’adolescence, le cinéma, c’était surtout pour pécho… On allait voir les films que les garçons choisissaient, comme 58 minutes pour vivre. Mais bon, pour ce qu’on voyait du film…
Le film qui a bercé votre enfance ?
Avec mon frère, on regardait en boucle Itinéraire d’un enfant gâté, de Claude Lelouch. Mais je peux citer aussi La Boum, L’Etudiante, la trilogie Fantômas ou Les Bronzés font du ski (1979). Dès que ça passe à la télé, je regarde !
L’acteur ou l’actrice disparu(e) avec qui vous aimeriez dîner ?
Romy Schneider. C’était le sosie de ma mère. Pour moi, c’était la beauté à l’état pur, la classe incarnée.
La VHS que vous conservez précieusement ?
Ce sera définitivement Itinéraire d’un enfant gâté. Mon père a d’ailleurs toujours la cassette, en version enregistrée à la télé et donc en piteux état, ainsi qu’un magnétoscope !
Le film le plus érotique ?
Des films comme Eyes Wide Shut ou Basic Instinct qu’on regardait en cachette. Mais j’avoue ne pas trop m’y connaître dans ce domaine. Sinon, il y a Mulholland Drive aussi !
Le film interdit qu’on essaie de se procurer par tous les moyens ?
La Folle Journée de Ferris Bueller, de John Hugues [1986, avec Jennifer Gray et Matthew Broderick, ndlr]. C’est un film culte pour moi, que je recherche activement. Impossible de le retrouver. C’est un film dingue et fin en même temps, qui vaut toutes les comédies américaines actuelles.
Les premières grosses larmes devant un film ?
La Liste de Schindler, en 1993. Je n’ai pas arrêté de pleurer !
Et les derniers fous rires au cinéma ?
Tellement proches, d’Eric Toledano et Olivier Nakache. Je l’ai vu deux milliards de fois ! Mais récemment, j’ai revu Un éléphant ça trompe énormément et j’ai beaucoup ri avec cette scène géniale où Guy Bedos, qui interprète un médecin, face à un patient atteint d’une maladie grave, ne prend pas de gants avec lui et se plaint même de sa tendinite qu’il a eue au tennis !
Il y aurait qui dans votre Panthéon ciné ?
Michèle Mercier pour les souvenirs d’Angélique. Elle est au Panthéon direct ! Sinon il y aurait Julianne Moore que j’adore, Catherine Deneuve qui est incroyablissime, Depardieu, Bette Midler, DiCaprio, Sharon Stone…
Votre pseudonyme vient du film The Rose, de Mark Rydell. Pourquoi ce choix ?
Ca vient de Janis Joplin, dont je suis fan. Je l’ai réellement découverte grâce au film Janis et John, de Samuel Benchetrit. Ca a été une révélation pour moi. Je me suis alors littéralement passionnée pour elle. Et quand je cherchais un pseudonyme qui me correspondrait, j’avais d’abord songé à « Pearl » [surnom de Janis Joplin, ndlr], mais j’ai repensé au film The Rose que j’avais vu et dans lequel Bette Midler interprète une chanteuse inspirée de Janis Joplin. Et j’ai trouvé que Rose m’allait plutôt bien. Pour la petite histoire, la chanteuse Pink a choisi ce pseudo pour les mêmes raisons !
Pourriez-vous composer pour le cinéma ?
Je verrais bien mes chansons dans un film. Je les écris parfois dans ce sens. J’aimerais beaucoup qu’au moins l’une d’entre elles fasse partie d’une bande originale. Je demande d’ailleurs à des amis qui font du cinéma de prendre un de mes titres. Bon, ce n’est pas encore le cas, mais ça viendra peut-être !
Quel est votre type de cinéma ?
J’adore les films français, surtout les comédies, les comédies dramatiques, avec de bons dialogues, de bons acteurs. Dès les premières minutes, je sais si ce sera un navet ou non. Mais parfois, il peut y avoir de bonnes surprises comme pour Les Souvenirs, de Jean-Paul Rouve qui commence bizarrement et qui en fait est très beau, avec de jolies répliques, qu’on a envie de garder en mémoire comme dans un bon livre dont on surligne les belles phrases.
Dans votre dernier album, Pink Lady, vous écrivez des histoires qui pourraient donner lieu à des films…
J’essaie en effet de me diriger vers ce qui me ressemble le plus, de m’éloigner des étiquettes qu’on m’a collées, notamment avec mon album précédent. Je me dirige donc petit à petit vers ce que fait mon maître, Alain Souchon. Par exemple, avec le titre Partie remise, je parle de la vie d’un pompiste. En fait, je n’invente rien, mais j’essaie de cinématographier ma musique, sans aller vers un côté trop réaliste. Ca, je n’y arrive pas.
Vous fêtez vos dix ans de carrière. Comment a évolué la Rose d’alors à celle d’aujourd’hui ?
C’est un vrai film ! J’ai l’impression d’avoir eu dix vies. J’ai mûri, tout en gardant une âme d’enfant. La même que Le Petit Prince que je lis à mon fils chaque soir. Je deviens plus concrète, moins rêveuse, je fantasme moins la vie et l’appréhende plus concrètement. Toutefois, c’est un grand écart perpétuel dans ma tête et dans ce que je fais et écoute. Je suis quelque part entre chaque chose de la vie qui est un bonheur à vivre et une certaine folie qui ne me quitte pas…