Double actualité pour le réalisateur Michel Hazanavicius : sa dernière comédie, Coupez !, sort en vidéo et il est le coprésident de la 30e édition du Festival international du film fantastique de Gérardmer, aux côtés de sa compagne Bérénice Bujo. On a pu le rencontrer entre deux séances d’angoisses.
Connaissiez-vous le Festival de Gérardmer auparavant ?
J’étais déjà venu en 1995, c’est un festival qui a une très bonne réputation. Je n’ai pas une passion pour les films de genre, mais le spectre est suffisamment large pour qu’on puisse y trouver son compte. Je ne suis pas à la recherche de sensations fortes, même si quand j’ai vu Dernier train pour Busan, j’ai trouvé que c’était un très grand film.
Même si on peut penser que Coupez ! en est quand même une sorte d’hommage…
Coupez !, c’est une comédie de tournage sur un film de zombies, mais ça m’a permis de manipuler les codes du genre, à gros traits, même s’il y a en effet un grand travail sur le décor, la lumière… basé sur les grands films du genre des années 1970, qui parlaient d’uniformisation du monde, de surpopulation… Le zombie, dans la catégorie monstres du cinéma, est résolument le plus politique.
Quand on est réalisateur soi-même, est-ce plus difficile pour apprécier les autres films en tant que président d’un jury ?
Je respecte le travail de tous les réalisateurs, même ceux dont les films me laissent moins sensible. Je suis là vraiment en tant que spectateur. Je fais abstraction de la technique, même s’il y a des choses que je vais tout de même capter.
Vous pourriez réaliser un film de genre ?
Je me considère plutôt comme un réalisateur de comédies, même si je ne m’interdis pas de travailler sur un autre type de films. Si j’ai une bonne idée ou s’il y a un bon scénario qui m’arrive, pourquoi pas. Le genre n’est pas très important, c’est un passage pour raconter quelque chose.
Votre premier souvenir de cinéma ?
C’est justement un souvenir de peur, il s’agit de Pinocchio, c’était une grosse terreur pour moi, la scène dans le ventre de la baleine.
Le film qui a bercé votre enfance ?
Quand j’étais jeune, on allait voir des films au cinéma, mais on n’allait pas les revoir. Il n’y a donc pas à proprement dit un film qui aurait bercé mon enfance. Il faudra attendre l’ère des VHS pour que je puisse revoir inlassablement des films, comme Rio Bravo et Un éléphant ça trompe énormément.
Un film qui vous a vraiment effrayé ?
Au tout début des VHS, je devais avoir 11-12 ans, un ami à moi m’a fait regarder chez lui Cannibal Holocaust. C’était une grosse frayeur, d’autant avec cette aura sulfureuse, c’était censé être du found footage et le réalisateur avait beaucoup joué là-dessus.
Un monstre trop stylé ?
La créature de Frankenstein, celui de James Whale par Boris Karloff que je trouve beau, poétique, extrêmement touchant.
Vos premières larmes devant un film ?
Je suis capable d’en avoir très rapidement. J’ai régulièrement des petites larmes au cinéma. Je peux être fort ému devant un film avec Adam Sandler, par exemple, qui arrive toujours à être touchant.
Derniers fous rires au cinéma ?
La dernière comédie qui m’a vraiment éclaté, c’est L’Innocent de Louis Garrel que j’ai vraiment adoré. Ou ce que peut faire quelqu’un comme Jonathan Cohen. Je ne suis pas très fou rire en général, à me taper sur les cuisses.
Quand on réalise des comédies, on arrive encore à être surpris quand on en voit ?
Oui, si les ficelles sont grosses. Il y a des choses qu’on voit arriver, car on connaît l’envers du décor. Mais je suis bon public, je me laisse porter en général.
Un film culte ?
Une vie difficile de Dino Risi. J’en ai plein, ça change tout le temps, mais j’aime beaucoup citer celui-ci, il est encore trop méconnu. Il date du début des années 1960 mais il fonctionne toujours extrêmement bien, grâce notamment à son acteur hallucinant qu’est Alberto Sordi. J’aime les comédies à l’italienne. Ainsi que le cinéma de Billy Wilder comme La Garçonnière ou les films de Lubitsch.